Le bilan des attaques perpétrées vendredi soir par le groupe islamiste Boko Haram, dans le nord du Nigeria, s'alourdit à 166 morts mais le décompte n'est cependant pas terminé. Le président Goodluck Jonathan s'est rendu sur place.
AFP - Le Président Goodluck Jonathan est arrivé dimanche à Kano, la seconde ville du Nigeria, touchée vendredi par une série d'attentats à la bombe et de fusillades coordonnées qui ont fait jusqu'à présent 166 morts dans l'une des pires attaques qui ait touché le nord musulman.
Le président a d'abord rencontré l'émir Ado Bayero, principal chef traditionnel musulman de la ville.
Puis il a déclaré, dans une interview à la BBC, que des arrestations avaient été effectuées suite aux attaques dans la plus grande ville du nord du pays et que les sympathisants d'un groupe islamiste armé étaient pourchassés.
"Des arrestations (de présumés membres du mouvement islamiste Boko Haram) ont été effectuées. D'autres sont morts durant les attaques. Certains étaient des kamikaze", a dit M.Jonathan
Dimanche, des explosions ont secoué deux lieux de culte, une église catholique et un temple évangélique à Bauchi, une ville du nord sans faire de victimes, a annoncé la police.
Les explosions ont touché les toits des deux lieux de culte et ceux des maisons voisines, a dit le porte-parole de la police de l'Etat, Mohammed Barau qui n'a pas spéculé sur ceux qui pourraient être derrière ces attaques.
Les attaques attribuées aux islamistes du mouvement Boko Haram et visant spécifiquement des chrétiens font redouter un conflit religieux plus important, les dirigeants chrétiens ayant averti qu'ils pourraient passer à l'auto-défense. Certains ont même évoqué la possibilité d'une guerre civile.
Le jour de Noël une attaque contre une église catholique proche de la capitale fédérale Abuja avait causé la mort de 44 fidèles.
Samedi soir, 10 personnes, dont un policier et un soldat ont été tués lors d'attaques dans la ville de Tafawa Balewa dans l'état de Bauchi. Cette ville est située sur la ligne de partage entre le nord majoritairement musulman et le sud chrétien. En 2011, des affrontements confessionnels y avaient fait au moins 35 morts, avec des mosquées et des habitations brûlées.
Ces nouvelles agressions visant des chrétiens interviennent moins de 48 heures après une spectaculaire série d'attaques coordonnées à Kano, la deuxième ville du pays, revendiquées par le groupe islamiste Boko Haram et qui ont fait au moins 166 tués et plus de 50 blessés, selon une organisation de secours. Selon un médecin d'un des principaux hopitaux de la ville, le bilan pourrait aller jusqu'à 250 morts.
A Kano, le couvre-feu imposé pendant toute la journée après les explosions qui s'y sont produites vendredi soir, a été allégé et fixée de la tombée de la nuit jusqu'au lever du jour. L'état d'urgence a été décrété depuis le 31 décembre dans la plupart du nord du pays mais la ville de Kano n'avait jusqu'à présent pas été incluse dans cette mesure.
Dimanche matin, les autorités ne disposaient pas encore d'un bilan définitif, après une journée de samedi passée pour les services d'urgence à récupérer les cadavres qui jonchaient les rues pour les rassembler dans les morgues de la ville.
Les rues de la ville restaient largement désertes dimanche, malgré cette levée partielle du couvre-feu. De nombreux policiers et militaires étaient déployés aux carrefours stratégiques et sur des barrages de contrôle installés sur les principales avenues.
Des habitants de Kano ont indiqué qu'une voiture piégée avait été découverte dimanche devant une station service publique.
Un porte-parole du Boko Haram a revendiqué les attaques de Kano auprès d'un journal local, expliquant que le groupe avait agi en représailles après le refus du gouvernement de libérer plusieurs de ses membres actuellement emprisonnés.
Au moins huit sites dans la ville ont été visés par ces assauts "coordonnés", selon la police: des bureaux de la police et des services de l'immigration ainsi que la résidence d'un responsable de la police. Une vingtaine d'explosion ont également été entendues. Ce mode opératoire est relativement courant pour Boko Haram.
L'Union européenne, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France ont fermement condamné ces attaques.
Les attaques attribuées à Boko Haram, qui a notamment revendiqué des attentats meurtriers le jour de Noël ayant fait 49 morts, se sont multipliées ces dernières semaines dans le nord majoritairement musulman du pays, à la fois contre des chrétiens et les forces de l'ordre.
Elles font redouter un conflit religieux plus important, les dirigeants chrétiens ayant averti qu'ils pourraient passer à l'auto-défense.
Certains ont même évoqué la possibilité d'une guerre civile.
Le Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique et le plus gros producteur de pétrole, est divisé entre un nord essentiellement musulman et un sud à majorité chrétienne.