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Bruxelles juge "aberrante" la dégradation des notes de neuf pays européens

L'Union européenne regrette la décision de Standard & Poor’s d’abaisser les notes de neuf pays membres, dont la France qui perd son triple A. Cette dégradation menace directement la viabilité du Fonds de soutien de la zone euro.

AFP - La zone euro s'est dite déterminée vendredi à faire tout son possible pour sauvegarder le triple A de son Fonds de soutien, le FESF, après la dégradation par Standard and Poor's de neuf pays en son sein dont la France, une décision qualifiée d'"aberrante" par la Commission européenne.

"Les pays qui apportent leurs garanties au FESF affirment leur détermination à explorer les options pour maintenir son triple A", a affirmé Jean-Claude Juncker, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro dans un communiqué.

La décision de l'agence de notation de retirer le triple A de la France et de l'Autriche risque en effet de provoquer la perte du "AAA" du Fonds, dont la notation dépend de celles des Etats de la zone euro qui le garantissent, et tout particulièrement de ceux jouissant de la meilleure note ("AAA").

Si les notations des pays sont abaissées, celle du FESF est de facto menacée. Or, cet instrument a besoin de sa note d'excellence pour emprunter à bas coût sur les marchés et ensuite reprêter aux Etats de la zone euro en difficulté.

De son côté, le commissaire européen chargé des Affaires européennes, Olli Rehn, a regretté dans un communiqué distinct, une décision "aberrante" de Standard and Poor's, "après avoir vérifié que ce n'était pas une erreur". L'agence de notation avait diffusé par erreur un message en novembre dernier laissant penser à une dégradation de la France.

La dégradation des notes de neuf pays de la zone euro, dont l'Espagne, le Portugal et l'Italie, intervient au moment où la zone euro "agit de manière décisive sur tous les fronts pour répondre à la crise", a-t-il souligné.

"Cette initiative rend encore plus nécessaires la consolidation budgétaire et les réformes structurelles" des pays de la zone euro, "ainsi que le fait de trouver des réponses aux fragilités du secteur bancaire, de renforcer nos défenses financières et notre gouvernance économique", poursuit M. Rehn, qui souligne que "les récentes décisions de l'UE, combinées aux actions de la Banque centrale européenne, ont contribué à relâcher les tensions sur le marché des dettes souveraines".

"Il est désormais important de finaliser aussi rapidement que possible la forme et le fonctionnement du Mécanisme européen de stabilité (MES) et, comme l'ont décidé les chefs d'Etat et de gouvernement le 9 décembre, d'avancer son entrée en vigueur à juillet 2012", ajoute-t-il.

Ce mécanisme permanent appelé à prendre la suite du FESF dès cet été sera moins dépendant des notations des Etats, a souligné M. Juncker. En attendant, selon lui, le FESF "dispose de ressources suffisantes pour remplir ses engagements actuels et éventuellement d'autres dans le futur". Le Fonds dispose actuellement d'une capacité de prêts d'environ 250 milliards d'euros.

"Le Mécanisme européen de stabilité aura son propre capital et sera de fait moins affecté par les notations des Etats membres", indique-t-il.

Cet outil doit disposer d'un capital de 500 milliards d'euros mais certains Etats estiment qu'il faudra prendre en compte la part restante du FESF tandis que d'autres jugent nécessaire d'allouer 500 milliards au seul MES, afin de le doter d'une force de frappe suffisante. Cette question sera abordée par les chefs d'Etat lors du sommet européen prévu début mars.

Plus largement, la zone euro est déterminée "à faire tout son possible pour surmonter la crise, améliorer les finances publiques et retrouver le chemin de la croissance et de l'emploi", affirme M. Juncker.