
correspondante FRANCE 24 à Madrid – Alors que les résultats s’annoncent serrés lors des élections régionales, dimanche 1er mars en Galice et au Pays-Basque, Zapatero sacrifie son ministre de la Justice contesté, Mariano Fernandez Bermejo. Revue de presse.
C’est l’histoire du "cazador cazado", littéralement le "chasseur pris en chasse". La mise en cause du ministre de la Justice démissionnaire, Mariano Fernandez Bermejo, a commencé début février. Il avait été alors vu en compagnie du juge Baltasar Garzon lors d’une partie de chasse, alors que le magistrat venait de lancer une opération anticorruption visant des entrepreneurs proches du Parti populaire (PP, droite) et des élus locaux conservateurs. Depuis lors, l’opposition du gouvernement socialiste de Zapatero réclamait la tête du ministre, accusé de collusion avec le juge Garzon.
"Bermejo abattu", titre le quotidien de centre-droit "El Mundo", qui considère également que le ministre était très critiqué dans ses propres rangs. Le quotidien conservateur" ABC" y voit une "Une démission juste", et insiste sur la "gestion désastreuse" de Bermejo, rappelant que la grève des juges du 18 février, très suivie, révélait un important malaise au sein de la justice espagnole.
À une semaine d’élections régionales en Galice et au Pays-Basque, le quotidien catalan "La Vanguardia" affiche en "une" : "la chute de Bermejo, soulagement électoral pour le PSOE". Dans son analyse, Enric Juliana, chroniqueur politique, décrit "une vague en provenance de Galice qui a emporté Bermejo sur son passage". Selon les derniers sondages, le Parti socialiste pourrait perdre la région, arrachée au Parti populaire de haute lutte lors des dernières régionales. "Zapatero lâche du lest", explique encore le journal, "pour mettre toutes les chances de son côté en vue de cette échéance électorale".
Au Pays-Basque aussi, l’enjeu est important pour le président du gouvernement : alors que le Parti nationaliste basque est au pouvoir depuis des décennies, le Parti socialiste emmené par Patxi Lopez pourrait l’emporter, selon les derniers sondages.
Un parti miné par les scandales
Proche du gouvernement, le quotidien "El Pais" partage l’analyse, et consacre plusieurs articles au nouveau ministre de la Justice, le Galicien Francisco Caamaño, 46 ans, spécialiste de droit constitutionnel et homme de confiance de Zapatero.
Dans son édition en ligne, le journal contrattaque : "Et il y aura des démissions au PP ?", rappelant que le scandale à ne pas cacher est celui de la corruption au sein du parti conservateur. "Nous allons voir qui sera accusé et de quoi", a répondu Mariano Rajoy, le leader du parti, sur la radio Cadena Ser, ajoutant qu’il ne souhaitait pas condamner des gens qui pourraient être innocents.
Le Parti populaire est miné depuis un mois et demi par des scandales successifs d’espionnage illégal et de corruption. Le gouvernement socialiste, lui, vit des jours difficiles, débordé par la crise. Le ministre de l’Économie Pedro Solbes ne cache d’ailleurs plus son envie de lâcher le pouvoir ; il a déclaré ce lundi qu’il "enviait" Bermejo parce qu’il avait la chance d’être un ex-ministre.