
Des policiers ont été déployés ce jeudi à Roissy pour remplacer les agents de sûreté - qui entament leur septième jour de grève - après l'échec des négociations entre les entreprises de sécurité et les syndicats de l'aéroport parisien.
AFP - Le gouvernement a justifié jeudi le recours à la police à Roissy pour remplacer les agents de sûreté en grève depuis sept jours, un dispositif inédit dans l'aérien qui suscite de vives critiques, alors que le mouvement, sans grand impact sur le trafic, semble s'enliser.
Des effectifs de la police aux frontières (PAF) et de la gendarmerie du transport aérien (GTA) ont été mobilisés au terminal 2F de l'aéroport le plus touché par la grève des agents de sûreté qui réclament une augmentation de salaires de 200 euros brut et de meilleures conditions de travail.
L'Assemblée nationale examinera le 24 janvier la proposition de loi UMP visant à encadrer le droit de grève dans le transport aérien, a annoncé mardi le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, au cinquième jour de la grève des agents de sûreté des aéroports.
Déposée à l'initiative du député UMP Eric Diard, la proposition de loi vise à transposer dans le transport aérien le dispositif existant dans les transports terrestres depuis 2007.
Cette dernière "sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs" prévoit une obligation de négociation, la déclaration individuelle des grévistes 48 heures avant le début du mouvement, la réaffectation des personnels, la publication des prévisions de trafic 24 heures à l'avance.
"Nous ne pouvons pas accepter que qui que ce soit soit pris en otage au moment de partir en vacances", a expliqué le président Nicolas Sarkozy, appelant "employeurs et salariés à dialoguer".
Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a annoncé, lors d'une visite à l'aéroport, qu'au total "180 policiers et 80 gendarmes" y ont été déployés, assurant que le droit de grève est "respecté" car il n'y avait pas eu de réquisition.
Jugeant cette intervention "nécessaire", son collège aux Transports, Thierry Mariani, a estimé que le droit de grève ne consistait pas "forcément à paralyser le pays".
Les forces de l'ordre mobilisées procèdent à la fouille des passagers et des bagages mais ne réalisent pas les contrôles derrière les écrans, qui demandent une formation spécifique.
Le dispositif durera "le moins longtemps possible", a assuré le Premier ministre, François Fillon, souhaitant que le conflit social "se termine".
Malgré ce dispositif imposé à la veille du week-end de Noël, la file de passagers n'a cessé de croître au terminal 2F. La durée moyenne d'attente était d'environ 25 minutes, selon Aéroports de Paris.
Jeudi, les syndicats ont une nouvelle fois crié à l'atteinte au droit de grève, FO et CFDT indiquant travailler sur les modalités d'un recours en justice.
La mobilisation de policiers "n'a pas solutionné le problème. Cela ne change rien à nos revendications et cela ne change rien sur le fond", a réagi Thierry Fressart, délégué central CFDT.
Côté politique, le PS a estimé que le gouvernement était "en partie complice" de la situation et Marie-Georges Buffet (PCF), Olivier Besancenot (NPA) et Nathalie Arthaud (LO) ont défilé dans la matinée avec les quelque 250 manifestants à Roissy.
A Lyon-Saint-Exupéry, l'ensemble des vols au départ devant être assurés, grâce au recours à des sociétés de sécurité externes, a indiqué la direction de l'aéroport. Aucun effectif policier n'a été déployé alors que le taux de grévistes avoisine les 100%, selon les syndicats, qui signalent des "gros manquements à la sûreté".
A l'aéroport de Nice Côte d'Azur, le mouvement de grève a en revanche été suspendu, selon la CFTC.
Les grévistes demandent l'ouverture de négociations, sans succès. Une nouvelle réunion est prévue vendredi, selon la ministre des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a une nouvelle fois déploré que "les négociations ne soient intervenues que très tardivement".
Cette substitution des forces de l'ordre aux grévistes est un fait rare. A l'automne 2010, pendant une grève d'éboueurs à Marseille, le préfet avait réquisitionné la Sécurité civile, ou fin 1988 à la RATP, l'armée assurait des navettes après la fermeture de deux lignes du RER.
Avant 1996, les contrôles de sécurité était assumés par la police. Cette mission régalienne a ensuite été confiée aux sociétés gestionnaires des aéroports qui ont fait appel à des sous-traitants.
Cette grève a relancé la polémique sur un encadrement du droit de grève dans les transports aériens. Des syndicats de pilotes et de personnel naviguant ont déjà menacé de déposer un préavis en février pour protester contre une proposition de loi UMP allant dans ce sens.