logo

Mariano Rajoy tente de rassurer les marchés en annonçant un budget sévère

Deux jours avant sa prise de fonction officielle, le futur chef du gouvernement espagnol a dévoilé ce lundi les grandes lignes de son plan d'austérité, dont une coupe budgétaire de 16,5 milliards d'euros en 2012 pour les administrations publiques.

AFP - Le futur chef du gouvernement espagnol de droite, Mariano Rajoy, a tenté lundi de rassurer les marchés en dévoilant les grandes lignes de son plan d'austérité et de réformes, dans un pays menacé de récession et frappé par un chômage record.

Première annonce: une coupe budgétaire de 16,5 milliards d'euros en 2012 "pour l'ensemble des administrations publiques", a-t-il déclaré lors de son discours d'investiture devant le Parlement, deux jours avant de prendre officiellement ses fonctions.

Les détails de son programme étaient très attendus par les marchés depuis la large victoire du Parti populaire (PP) aux élections législatives du 20 novembre, alors que l'Espagne a connu ces derniers mois plusieurs épisodes de turbulences face aux investisseurs, en pleine crise de la dette en zone euro.

Le pays, sous l'effet de la crise et de l'éclatement de sa bulle immobilière, souffre d'une croissance atone, qui risque de se transformer en récession début 2012, alors qu'il s'est fixé comme priorité la réduction de son déficit public (9,3% du PIB en 2010).

L'objectif de 6% pour 2011 pourrait ne pas être atteint, a prévenu le prochain Premier ministre: le chiffre "risque d'être dépassé, nous le saurons le moment voulu".

Une fois le déficit connu (sans doute début mars), le budget 2012 sera présenté "avant le 31 mars", mais avant cela, le Conseil des ministres du 30 décembre sera déjà l'occasion d'approuver "un décret-loi de mesures d'urgence", a annoncé M. Rajoy.

"La première pierre de notre projet réformiste sera la loi de stabilité budgétaire", qui sera votée en janvier, a-t-il détaillé.

Cette loi organique complètera la réforme de la "règle d'or" approuvée en septembre par l'Espagne, qui introduit dans la Constitution le principe de l'équilibre budgétaire.

La loi y ajoute des limites chiffrées à partir de 2020, de 0,40% du PIB pour le déficit structurel et 60% du PIB pour la dette.

"En deuxième lieu, il est nécessaire de terminer de manière effective le processus d'assainissement du secteur financier", a dit M. Rajoy.

Le secteur bancaire espagnol a en effet pâti de l'éclatement en 2008 de la bulle immobilière, à laquelle il était très exposé.

Les derniers chiffres officiels publiés lundi ont montré que les créances douteuses -- surtout des crédits immobiliers risquant de ne pas être remboursés -- avaient touché en octobre un nouveau record en 17 ans.

Il faut "dissiper les doutes sur la valeur des actifs, surtout immobiliers, (des banques) qui empêchent un accès adéquat au marché des entités financières et contaminent aussi la crédibilité de la dette publique" espagnole.

M. Rajoy a appelé notamment à vendre les immeubles finis que détiennent les banques, faire "une valorisation très prudente" des terrains en leur possession, mener "plus de fusions" entre entités bancaires, estimant que ces dernières ont "plus de besoins en capitaux pour maintenir la solvabilité".

Le prochain chef du gouvernement mènera aussi au premier trimestre "une modernisation de la législation du travail" pour faire face à la plus grande faiblesse de l'économie espagnole: le taux de chômage de 21,52%, un record parmi les pays industrialisés.

Selon les derniers chiffres, "le nombre de personnes qui dans notre pays cherchent un emploi sans le trouver avoisine déjà les 5,4 millions", soit un taux proche des 23%, a dit M. Rajoy, qualifiant la situation de "dramatique".

La nouvelle équipe dirigeante prévoit également d'"ouvrir un processus de simplification du secteur public", via "une profonde réforme administrative qui permette d'éliminer les doublons" entre les différents échelons de ce pays très décentralisé, mais aussi un meilleur contrôle des dépenses des 17 régions.

Finalement, "le seul engagement d'augmentation de dépense" que concède Mariano Rajoy portera sur les pensions de retraite, qu'il revalorisera à partir du 1er janvier.