Au moins 15 personnes ont péri dans la répression d'émeutes dimanche dans l'ouest du Kazakhstan. Lundi, cette contestation sans précédent gagnait la capitale régionale Aktaou où plusieurs milliers de personnes manifestaient.
AFP- Les protestations dans l'Ouest du Kazakhstan se sont étendues lundi dans la capitale régionale, Aktaou, où plusieurs milliers de personnes ont manifesté sur la place centrale après la répression d'émeutes ayant fait au moins 15 morts dans la région.
Environ 3.000 personnes, parmi lesquelles figuraient des employés du secteur pétrolier, se sont rassemblées près de la place centrale d'Aktaou, principale ville de cette région située sur la rive orientale de la mer Caspienne, selon l'estimation d'un correspondant de l'AFP sur place.
Dimanche, environ un millier de personnes avaient déjà protesté à Aktaou. Lundi, des ouvriers grévistes du gisement de Karajanbas ont rejoint les rangs des manifestants.
Ceux-ci, dont certains arboraient des slogans tels que "Ne tirez pas sur le peuple", appelaient les autorités à mettre fin aux violences et à retirer les troupes de Janaozen, une ville proche d'Aktaou où l'état d'urgence et le couvre-feu ont été décrétés samedi par le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev.
C'est dans cette ville que les émeutes ont débuté. Vendredi, la police avait ouvert le feu lors de violents heurts impliquant apparemment des employés grévistes du secteur pétrolier qui s'en étaient pris à une tribune installée sur la place centrale pour les festivités marquant le 20e anniversaire de l'indépendance du Kazakhstan.
Le lendemain, de nouvelles violences ont éclaté dans la localité de Chetpe, à mi-chemin entre Janaozen et Aktaou, quand les forces de l'ordre sont intervenues après qu'un "groupe d'individus", selon le Parquet du Kazakhstan, a immobilisé un train entre les deux villes.
Lundi, le Parquet a indiqué dans un communiqué que "la situation à Janaozen se normalisait peu à peu".
De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Erjan Kazykhanov, a indiqué lors d'une visite à Moscou que la situation s'était "complètement stabilisée", selon l'agence Interfax.
Selon les autorités, le bilan à Janaozen s'élève à 14 morts, tandis qu'une personne a été tuée dans les heurts à Chetpe.
Mais de l'avis de nombreux observateurs, le bilan pourrait être beaucoup plus élevé.
L'opposition kazakhe en exil a indiqué dans un communiqué reçu lundi par l'AFP que "plusieurs dizaines de civils ont été tués et des centaines ont été blessés".
Dimanche, la chaîne indépendante K+, dont le siège est au Kirghizstan, affirmait que les incidents à Janaozen avaient fait 70 morts et 500 blessés.
Le chef du syndicat indépendant d'Aktaou, Kenjegali Souïeouov, a indiqué à l'AFP qu'une ligne spéciale allait être mise en place pour permettre aux gens de signaler leurs proches ayant disparu.
Aktaou était une des rares villes de la région où le réseau de téléphone mobile n'était pas coupé lundi.
"Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas joindre leurs proches parce que les lignes téléphoniques à Janaozen, Chetpe et dans d'autres villes sont coupées", a déclaré M. Souïeouov.
L'ONG Human Rights Watch a appelé dimanche soir les autorités kazakhes à rétablir les communications.
"Le gouvernement kazakh a le devoir de restaurer l'ordre à Janaozen, mais il ne peut invoquer l'état d'urgence pour imposer des restrictions injustifiées et inutiles sur la liberté d'information" a déclaré Mihra Rittmann, de l'ONG, dans un communiqué.
Plusieurs grèves ont eu lieu ces derniers mois dans cette région qui regorge de pétrole.
Le président Noursoultan Nazarbaïev a souligné samedi qu'il ne tolérerait aucun trouble.
M. Nazarbaïev dirige d'une main de fer depuis l'époque soviétique ce pays riche en ressources minérales et en hydrocarbures, et considéré jusqu'à présent comme le plus stable de la région.