
Un policier antiémeute près d'une affiche électorale vandalisée de la présidente Samia Suluhu Hassan au poste-frontière de Namanga One-Post en Tanzanie, le 30 octobre 2025. © Thomas Mukoya, Reuters archives
Après plusieurs jours de répression des manifestations contestant l'élection de la présidente Samia Suluhu Hassan, la Tanzanie a retrouvé mardi 4 novembre un semblant d'activité.
À Dar es Salaam, la capitale économique de ce pays d'Afrique de l'est de 68 millions d'habitants, à l'arrêt depuis les élections présidentielle et législatives de mercredi, de longues files se sont formées devant les stations essence rouvertes et Internet est partiellement accessible.
La présence des forces de sécurité reste néanmoins visible, selon le journaliste de l'AFP et un nombre limité de bus, principal transport public, a aussi recommencé à prendre des passagers, les conducteurs de motos-taxis et de tuk-tuk.
"J'espère que la violence ne recommencera pas...Certains d'entre nous mourraient de faim (...) je dois aller travailler pour gagner ma vie", confie Rehema Shehoza, 32 ans, vendeuse ambulante.
Les autorités ont imposé un confinement à la population et bloqué durant cinq jours l'accès à Internet après les manifestations contre le gouvernement ayant éclaté le jour du scrutin. Elles ont duré trois jours et ont été réprimées dans la violence.
Un bilan humain qui pourrait atteindre des milliers de personnes tuées
L'opposition a avancé le chiffre d'au moins 800 morts, un bilan que l'AFP n'a pas pu vérifier indépendamment. Des sources diplomatique et sécuritaire ont cependant corroboré l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes, ont été tuées en marge des élections.
Lors de son investiture, la présidente a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.
Des photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, ont commencé à circuler lundi lors de la réouverture partielle de l'accès à Internet en Tanzanie, en dépit d'un SMS de la police avertissant que la diffusion d'images en ligne "qui peuvent créer la panique ou humilier les gens" serait punie.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certains clichés n'avaient jamais été postés auparavant. Plusieurs éléments montrent que ces images ont été prises en Tanzanie. Elles n'étaient mardi plus visibles sur les réseaux sociaux, a constaté le journaliste de l'AFP.
Pour ce scrutin, remporté officiellement avec 98 % des voix environ par la présidente sortante, âgée de 65 ans, les deux principaux opposants à la présidente, au pouvoir depuis 2021, avaient été emprisonné ou disqualifié.
Avec AFP
