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Au nord de l’Angleterre, Newcastle subit de plein fouet la crise économique et les restrictions budgétaires. Dans cette ville de 1 million d’habitants, qui fut un pôle industriel majeur, le chômage fait des ravages et l’avenir est sombre pour ceux qui cherchent un emploi.
"Quel gâchis ! C'est vraiment un sacré gâchis !" déplore Derek la gorge serrée. Cet ancien docker nous a emmené sur les lieux de son premier emploi, au bord du fleuve Tyne dans la banlieue Est de Newcastle. L’ancien chantier naval est devenu une friche industrielle.
À 39 ans, Derek est chômeur de longue durée et face à ce grand vide, c'est la nostalgie qui l'emporte. Ici, les industries traditionnelles ont disparu depuis longtemps. Pour Derek, il est quasiment impossible de trouver un emploi dans ses cordes.
Le chômage frappe durement la région : le taux y est supérieur à la moyenne nationale, qui est déjà de 10% en Grande-Bretagne. Face à la crise et aux plans d'austérité successifs du gouvernement, Newcastle et son agglomération souffrent.
Fermetures en série
Dans le centre-ville, James, 22 ans, nous emmène au Big Market, l'un des lieux emblématiques de la vie nocturne à Newcastle. La clientèle se fait de plus en plus rare, les bars et les restaurants ferment leurs portes les uns après les autres. "Les gens ne peuvent plus dépenser de l’argent dans les sorties le soir, ils doivent d'abord payer leurs factures", résume James.
Le jeune homme est informaticien dans le secteur public. Comme de nombreux Britanniques, il est descendu dans la rue le 30 novembre pour défendre sa retraite. La réforme voulue par le gouvernement prévoit une augmentation des cotisations et une baisse des pensions. Pour les syndicats, c’est sûrement le plus grand mouvement social depuis des décennies.
Maddy aussi travaille dans le secteur public. L'infirmière en fin de carrière est responsable syndicale. Elle aussi est en colère contre ce projet de réforme, mais elle va encore plus loin : c'est toute la politique de privatisations du service de santé public qu'elle dénonce, un mouvement en marche depuis Thatcher selon elle. "Que va-t-on laisser comme héritage à nos enfants ?" s’inquiète-t-elle.