
Kamal al-Ganzouri a obtenu les prérogatives traditionnellement dévolues au chef de l'État, à l'exception des forces armées et de la justice. Un geste d'ouverture, alors que la population est de plus en plus hostile au pouvoir militaire.
M. el-Ganzouri, septuagénaire, a été de 1996 à 1999, Premier ministre sous Hosni Moubarak, chassé le 11 février par une révolte populaire.
Diplômé de la faculté d'agriculture de l'université du Caire et titulaire d'un doctorat en économie de l'université américaine du Michigan, ce fidèle du raïs déchu a occupé plusieurs postes importants sous le régime de M. Moubarak.
De 1975 à 1977, il a été gouverneur des provinces d'al-Wadi al-Gedid (désert occidental) et de Béni Soueif (Moyenne-Egypte), avant de diriger de 1977 à 1986 l'Institut de planification nationale, chargé d'évaluer la politique économique du pays.
Connu pour son calme et son sérieux, il avait conservé son poste de vice-Premier ministre et ministre du Plan de 1986 à 1996, en dépit de trois remaniements ministériels. (AFP)
AFP - L'armée égyptienne a délégué mercredi des prérogatives de président au Premier ministre désigné Kamal el-Ganzouri, à l'exception de celles concernant les forces armées et la justice, a annoncé l'agence officielle Mena.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir a "délégué" à M. Ganzouri "les prérogatives qui sont accordées au président de la République en vertu de la loi, à l'exception de celles concernant les forces armées et les institutions judiciaires", a indiqué l'agence.
M. Ganzouri devait présenter dans la journée de mercredi son cabinet pour qu'il soit investi par le chef du CSFA, le maréchal Hussein Tantaoui, chef d'Etat de fait depuis la chute du président Hosni Moubarak en février.
M. Ganzouri, 78 ans et déjà Premier ministre sous Hosni Moubarak, a été choisi fin novembre par le Conseil militaire pour remplacer Essam Charaf, mis en place par les militaires en mars.
Le gouvernement Charaf avait présenté sa démission après de violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants hostiles au pouvoir militaire, qui avaient fait plus de 40 morts, principalement au Caire.
M. Ganzouri avait assuré mardi soir que les militaires s'apprêtaient à lui accorder des pouvoirs plus larges que ceux de ses prédécesseurs, très critiqués pour leur manque d'autorité.
Il a appelé "tous les courants et partis politiques" à s'unir pour redresser "la sécurité et l'économie", affirmant que "la situation dans laquelle l'Egypte se trouve actuellement ne satisfait personne".
Un responsable militaire avait affirmé la semaine dernière que la fonte des réserves en devises du pays ne lui permettait plus d'assurer ses importations que jusqu'en février.
L'économie est depuis le début de l'année confrontée notamment à une chute des recettes touristiques et des investissements étrangers.
La décision de renforcer les pouvoirs du Premier ministre survient alors que l'Egypte est engagée dans un processus d'élections législatives qui doit durer plusieurs mois, et dont la première phase vient de déboucher sur une victoire écrasante des partis islamistes.
L'armée a quant à elle promis un retour à un pouvoir civil après une élection présidentielle prévue avant la fin juin 2012.