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La Syrie de plus en plus isolée avant la réunion de la Ligue arabe

Une réunion extraordinaire de la Ligue arabe se tiendra mercredi au Maroc alors que le régime d'Assad réprime de plus en plus violemment la contestation populaire. La Turquie hausse elle aussi le ton et menace de couper ses livraisons d’électricité.

AFP - Face à la persistance des violences en Syrie, la Ligue arabe tient une nouvelle réunion mercredi au Maroc, sous l'oeil vigilant de la Turquie qui conjugue ses pressions à celles des Arabes et des Occidentaux pour tenter de mettre le régime de Damas au pied du mur.

Cette réunion extraordinaire à Rabat survient alors que la Syrie a connu lundi une des journées les plus meurtrières depuis le début à la mi-mars de la contestation populaire du régime de Bachar Al-Assad, avec plus de 70 morts civils et militaires.

La répression de la contestation depuis huit mois a fait 3.500 morts, selon l'ONU alors que le pays sombre un peu plus chaque jour dans le chaos et que la crise se militarise et prend des dimensions internationales.

Les pressions sur le régime vont crescendo: après la réunion samedi 12 novembre de la Ligue arabe, les chefs de la diplomatie de cette instance se retrouvent mercredi pour discuter des mesures annoncées au Caire visant à sanctionner le pouvoir syrien.

Témoignant de l'urgence de la situation, la Ligue arabe a suspendu le 12 novembre la participation de la Syrie à ses réunions, cette suspension devenant effective le 16 novembre.

Elle l'a également menacée de sanctions qui devraient prendre effet mercredi face au refus du régime d'appliquer un plan arabe de sortie de crise, auquel il avait pourtant souscrit.

La Syrie, qui fait l'objet d'un isolement croissant reste sourde aux appels internationaux et régionaux, et évoque un "complot" contre elle.

Répondant partiellement à une demande de la Ligue arabe, les autorités syriennes ont libéré mardi plus de 1.100 détenus "impliqués" dans le mouvement de contestation du régime du président Bachar al-Assad, mais "qui n'ont pas de sang sur les mains", a indiqué la télévision publique.

La réunion dans la capitale marocaine coïncide avec la visite du ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu pour participer à un Forum de coopération turco-arabe avec ses pairs. Son homologue marocain Taïeb Fassi-Fihri a indiqué que "toute délégation syrienne peut venir le Maroc dans un cadre bilatéral (...) La Syrie est un pays frère", mais sans évoquer spécifiquement une participation aux rencontres de mercredi à Rabat.

La Turquie, grande puissance aux portes de la Syrie, se montre déterminée à s'associer étroitement aux décisions arabes et internationales.

Ankara a décidé mardi d'arrêter des explorations de pétrole menées conjointement avec la Syrie, et menacé Damas d'arrêter les exportations d'électricité.

"La montée au créneau de la Ligue arabe donne à la Turquie la couverture arabe qu'elle recherchait", estime Caroline Donati, spécialiste de la Syrie.

Important allié de Damas --avec qui il a établi au fil des dernières années un véritable partenariat -- le gouvernement islamique turc s'en est progressivement éloigné jusqu'au point de rupture à mesure que la répression contre la population civile sunnite devenait plus féroce.

Ankara est allé jusqu'à quasiment reconnaître le Conseil national syrien (CNS), qui rassemble une partie de l'opposition, et qui a été formé au fil de plusieurs réunions sur le sol turc.

"Ceux qui ne sont pas en paix au Moyen-Orient avec leurs peuples et ne peuvent les satisfaire partiront", a lancé lundi M. Davutoglu appelant la communauté internationale à parler d'une même voix.

Ces prises de position régionales ont grandement conforté Washington et Bruxelles qui s'en sont publiquement félicités.

La Syrie n'a plus comme alliés --en dehors de l'Iran --que la Russie et la Chine qui bloquent toujours toute action au Conseil de sécurité de l'ONU.

Moscou et Damas sont liés par un traité de défense qui remonte à l'ère soviétique. "Mais même la Russie reçoit ce jour même l'opposition syrienne", a indiqué à l'AFP Joseph Bahout, chercheur à l'Institut d'études politiques de Paris et spécialiste de la Syrie.

"Damas a perdu tous ses amis dans la région", note-t-il rappelant que le roi Abdallah II de Jordanie --autre pays frontalier de la Syrie --a été lundi le premier dirigeant arabe à exhorter le président Assad à "quitter le pouvoir".

Le Conseil de sécurité a par ailleurs "condamné dans les termes les plus fermes" mardi les attaques perpétrées contre plusieurs ambassades et services consulaires en Syrie (Arabie saoudite, France, Qatar et Turquie).

Les pays occidentaux du Conseil s'efforcent de parvenir à un accord entre les quinze pays du Conseil, dont Chine et Russie, pour au moins condamner le président syrien.