Jusqu'alors circonscrites au nord de Bangkok, les inondations menacent désormais le centre-ville de la métropole. Un cinquième de la capitale thaïlandaise est aujourd'hui noyé sous des eaux imprégnées de boue et de déchets toxiques industriels.
AFP - Les pires inondations qui frappent la Thaïlande depuis cinquante ans touchaient vendredi la limite nord du centre-ville de Bangkok, forçant la fermeture d'un vaste centre commercial et menaçant plusieurs stations du métro souterrain de la capitale.
Un cinquième de la mégalopole est désormais noyée sous des eaux imprégnées de boue, de déchets toxiques industriels et ménagers et autres cadavres d'animaux, avec leurs lots de menaces sanitaires.
itLentement, cette masse putride progresse chaque jour un peu plus, et a gagné le carrefour de Lat Phrao dans le nord de la ville, où un vaste centre commercial, Central Plaza, a dû fermer ses portes.
Un porte-parole du métro souterrain de Bangkok (MRT) a indiqué que trois stations - Lat Phrao, Phahon Yothin et Chatuchak Park - devraient pour la première fois fermer si le niveau d'eau atteignait les 40 centimètres.
"Nous avons déployé du personnel dans toutes les stations à risque pour évaluer la situation heure par heure", a-t-il déclaré.
Le grand marché de Chatuchak, destination très prisée des touristes, sera néanmoins ouvert ce week-end à la demande des commerçants.
Les inondations ont fait au moins 442 morts depuis trois mois et affecté des millions d'autres, principalement dans le nord et le centre du pays.
Le centre-ville de la mégalopole de 12 millions d'habitants garde jusqu'à présent les pieds au sec, protégé par des kilomètres de digues. Mais les autorités ont demandé l'évacuation totale de huit des cinquante districts de la capitale, et une évacuation partielle dans quatre autres.
Quelque 1,7 million d'habitants vivent dans ces 12 districts, soit beaucoup plus que ce que peuvent absorber les centres d'accueil pour sinistrés. Mais beaucoup préfèrent rester, malgré les risques d'électrocution, la pénurie d'eau potable et les difficultés de livraison des rations alimentaires.
Suite à une mousson particulièrement abondante, l'eau s'est accumulée dans les plaines centrales du pays, touchant des dizaines de provinces et des millions de personnes.
Les autorités tentent aujourd'hui de la drainer via les fleuves et canaux et d'épargner le coeur financier et commercial de la ville, dont la paralysie aurait des conséquences catastrophiques, notamment sur le plan économique.
Mais elles sont confrontées à la colère et à l'impatience des habitants de certains districts qui estiment avoir été sacrifiés pour sauver le centre économique de la capitale et les beaux quartiers.
L'aéroport national de Don Mueang, affecté aux vols intérieurs, est fermé depuis plusieurs jours mais l'aéroport international fonctionne normalement.
Il est entièrement protégé par un mur de 3,5 mètres de haut, surveillé en permanence, et le plan d'urgence ne sera déclenché que si l'eau atteint 2,5 mètres, a indiqué son patron Somchai Sawasdeepon.
"Je pense que nous pouvons évacuer tous les passagers en 24 heures", a-t-il estimé lors d'un point-presse. "Le niveau d'eau ne m'inquiète pas".
Les autorités ont cependant multiplié les déclarations contradictoires depuis que les inondations ont commencé et donnent l'impression de ne pas savoir exactement jusqu'où les inondations iront et à quel point le centre sera touché.
Le coût du désastre a été estimé cette semaine à 180 milliards de bahts (4.2 milliards d'euros) par le ministère des Finances, avec une croissance économique réduite de 1,7 points, à autour de 2%, en 2011.