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Marie Dedieu, la sexagénaire française enlevée au Kenya le 1er octobre, est décédée. Le Quai d'Orsay, en contact avec ses ravisseurs – probablement des Shebab somaliens – a demandé le rapatriement de son corps dans les plus brefs délais.

Marie Dedieu, la Française kidnappée il y a près de trois semaines au Kenya et retenue en Somalie, est décédée, a annoncé le ministère français des Affaires étrangères. "Les contacts à travers lesquels le gouvernement français cherchait à obtenir [sa] libération […] nous ont annoncé son décès dans que nous puissions en préciser la date, ni les circonstances", a fait savoir le Quai d’Orsay dans un communiqué.

"L’état de santé de Madame Dedieu, l’incertitude sur les conditions de sa détention, le fait que les ravisseurs aient probablement refusé de lui remettre les médicaments que nous lui avons envoyés, nous conduisent à craindre que cette issue tragique soit malheureusement la plus vraisemblable", poursuit le ministère.

Marie Dedieu, 66 ans, tétraplégique et atteinte d’un cancer, a été enlevée dans l'archipel kényan de Lamu, où elle résidait depuis de nombreuses années. Ses ravisseurs - probablement des Shebab, rebelles islamistes somaliens proches d’Al-Qaïda - ont fait irruption dans sa maison en pleine nuit et l’ont emmenée vers la Somalie voisine en bateau. Son compagnon a été blessé dans l’attaque.

Une femme engagée

Anti-conformiste et avant-gardiste, Marie Dedieu s’était fait connaitre en France dans les années 1970 pour son combat féministe. Proche d’Antoinette Fouque, l’une des grandes personnalités du Mouvement libérateur des femmes (MLF) dans les années 1970, elle a été l’une des signataires du Manifeste des 343 : une pétition parue en 1971 dans les colonnes du Nouvel Observateur appelant à légaliser l’avortement.

Parallèlement à son combat féministe, elle s'est brièvement essayée au cinéma en décrochant un petit rôle dans le film "Domicile conjugal", réalisé par François Truffaut en 1970. Elle y incarne une prostituée battante et passionnée aux côtés d'un Jean-Pierre Léaud, sous le charme.

Peu de temps après, Marie subit un violent accident de voiture, elle en restera lourdement handicapée. Elle est hospitalisée plusieurs mois à Garches, en région parisienne. Les médecins sont alors formels, Marie ne retrouvera pas l'usage de ses jambes, ni de ses bras.

Le Kenya, une renaissance

Un pronostic que cette battante contredit dans les années 1990. À cette époque, Marie Dedieu découvre le Kenya. Immédiatement, elle tombe amoureuse des paysages idylliques de l’archipel de Lamu et décide de s'installer dans le paisible îlot de Manda.
"Là, il s’est passé quelque chose de miraculeux : Marie s’est mise à remarcher, très difficilement certes, mais c’était incroyable, témoigne Michel, l’un de ses amis cité par Le Parisien. Il y avait quelque chose sur cette île qui lui faisait du bien".
Manda est son "petit coin de paradis", comme elle aimait l’appeler. Elle y habitait dans une maison traditionnelle swahilie, au toit de chaume, plantée au bord de l’eau.

L’enlèvement de la Française a bouleversé tout l’archipel de Lamu, où elle était parfaitement intégrée. Ajar Ali, le maire adjoint de Lamu en témoignait au début du mois au Parisien : "C'est une femme extraordinaire et nous sommes très très tristes de ce qui est arrivé, et tout particulièrement parce que c'est à elle que c'est arrivé". Élie Chouraqui, cinéaste proche de Marie Dedieu déclarait au même moment : "Marie est estimée de tous. C'est une personnalité solaire, joyeuse, malgré ses problèmes de santé".

Arrachée à son petit coin de paradis, Marie Dedieu s’est retrouvée dans l’enfer des Shebab en Somalie. Sa famille et ses amis ont été prévenus de sa mort par le ministère des Affaires étrangères, qui a exigé "la restitution sans délai et sans conditions de la dépouille mortelle" de Marie Dedieu.