
Un délégué syndical a été tué après avoir reçu une balle tirée par des jeunes, qui tenaient un barrage à Pointe-à-Pitre. Le secrétaire d'État à l'Outre-mer espère trouver une solution à la crise, d'ici à la fin de la semaine.
Retrouvez le carnet de route d'Eve Irvine et Willy Bracciano, nos envoyés spéciaux aux Antilles françaises, en cliquant ici.
La crise aux Antilles vue par les Observateurs de FRANCE 24
Au 29e jour des manifestations, la Guadeloupe s'enfonce un peu plus dans la violence. Dans la nuit de mardi à mercredi, un homme d'une cinquantaine d'années a été tué par une balle, à Pointe-à-Pitre, chef-lieu de l’Ile. "Il a été tué depuis un barrage tenu par des jeunes", explique à FRANCE 24 le préfet de la Guadeloupe, Nicolas Desforges, qui a tenu à affirmer clairement qu’il ne s’agissait pas d’un "affrontement avec les forces de l’ordre".
En l'absence du Premier ministre, François Fillon, en pleine négociations avec les partenaires sociaux à l'Elysée, c'est la ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer, Michèle Alliot-Marie, qui a répondu aux inquiétudes des députés à l’Assemblée nationale, affirmant que "les pillages, les violences, les exactions ne sauraient être tolérés".
La ministre a également annoncé le départ de quatre escadrons de gendarmerie supplémentaires pour la Guadeloupe.
De son côté, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, a estimé qu'une sortie de crise avant la fin de la semaine est possible. "Il reste un nœud en Guadeloupe, c'est celui des salaires. Les médiateurs travaillent en coulisses et je crois savoir que les choses avancent bien. Je pense que, dès cette fin de semaine, il y aura matière à ce que la responsabilité triomphe et à ce que les gens se rencontrent et signent cet accord salarial que nous attendons tous", a-t-il déclaré dans les couloirs de l’Assemblée.
La Martinique et la Réunion touchées à leur tour
Jacques Bino est la première victime du mouvement de contestation, entamé il y a un mois. Lors de la fusillade, il se trouvait à bord d’une voiture dans la cité Henri IV - une zone sensible du quartier Chanzy, à Pointe-à-Pitre - après un meeting du LKP, le collectif à l'origine du mouvement de grève. La personne qui l’accompagnait est actuellement entendue par la police. Une enquête est en cours.
Cette même nuit, au moins trois policiers et autant de gendarmes ont été légèrement blessés par des tirs d'armes à feu, alors que les affrontements entre jeunes et forces de l'ordre se multipliaient. Outre le décès du syndicaliste et ces blessés, la cellule de crise de la préfecture a établi un bilan des affrontements de la nuit : quinze commerces pillés, sept établissements incendiés, vingt-et-un véhicules brûlés, treize interpellations et une soixantaine d'interventions de pompiers.
En Guadeloupe, les grèves paralysent l'activité économique depuis plusieurs semaines. Tous les jours, les manifestations s’enchaînent contre le coût de la vie, les salaires et les minima sociaux trop bas. Le mouvement s’est propagé à la Martinique et, plus récemment, à la Réunion. Selon Willy Bracciano, envoyé spécial de FRANCE 24 en Guadeloupe, le risque de contagion du conflit vers les autres îles est sérieux. "Les policiers de Fort de France craignent le pire depuis que le maire de la ville a confirmé que le carnaval aura bien lieu. Les policiers craignent des débordements lors de ce carnaval."
Appel au calme du LKP
Se voulant rassurant, le préfet de Guadeloupe affirme que le dispositif est désormais adapté à "ces émeutes urbaines très violentes" et que des "moyens suffisants" seront déployés "la nuit prochaine".
Elie Demota, leader du Collectif contre l'exploitation (LKP) qui mène la grève générale, a quant à lui lancé, mercredi, un appel au calme à la radio. Tout comme le gouvernement, qui ne semblait pourtant pas décidé à inscrire cette montée de violence au cœur du sommet social qui se déroule ce mercredi à l’Elysée.
La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a cependant décidé de tenir, mercredi à 15h00 (GMT) à Paris, une réunion "consacrée à la sécurité publique aux Antilles".