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Moscou admet que le pays entre en récession

Les autorités russes ont reconnu, pour la première fois, que la Russie s'oriente vers une nette récession en tablant sur un PIB accusant une baisse de 2,2 % en 2009. Dmitri Medvedev ordonne au Kremlin de "se serrer la ceinture".

AFP - Les autorités russes ont reconnu pour la première fois mardi que le pays, touché de plein fouet par la crise mondiale, s'orientait vers une franche récession économique.

Le Produit intérieur brut russe devrait reculer de 2,2% en 2009, a annoncé le vice-ministre du Développement économique Andreï Klepatch.

"La prévision pour le PIB a été revue à la baisse à -2,2%, pour la production industrielle à -7,4%, et sur les investissements ce sera de l'ordre de moins 14%", a-t-il indiqué cité par les agences russes.

C'est la deuxième fois que ces prévisions sont revues à la baisse en quelques semaines.

En janvier, le ministère du Développement économique avait annoncé tabler sur un recul de 0,2% du PIB en 2009. Le ministère avait aussi prévu dans un premier temps une baisse de la production industrielle de 5,7%.

Les perspectives de la Russie ont entretemps été encore assombries par la publication lundi de très mauvaises statistiques pour la production industrielle en janvier.

L'indicateur a chuté de 16% en janvier sur un an, a indiqué le service fédéral des statistiques Rosstat.

Selon l'agence russe Interfax, il s'agit de la plus forte baisse enregistrée depuis 15 ans pour cet indicateur. Les experts interrogés en fin d'année par Interfax s'attendaient à une baisse moins marquée de 11,9%.

Natalia Orlova, économiste de la banque Alfa, qui tablait déjà avant leur publication sur un recul de 3% du PIB en Russie en 2009, a admis que sa prévision paraissait désormais "assez optimiste".

Mais selon le vice-ministre du Développement économique, la baisse de la production industrielle devrait toutefois ralentir en février.

Un autre indice témoigne pourtant de la profondeur de la crise: les arriérés des salaires ont augmenté en janvier de 2,3 milliards de roubles à 7,77 mds de roubles (171 M EUR), soit une hausse de près de 49% sur un mois.

Le chômage est aussi en forte augmentation depuis quelques semaines et le mécontentement monte dans la population, confrontée à la fois aux licenciements, à une vive inflation, et à la dépréciation du rouble par rapport au dollar et à l'euro.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi dans quelques grandes villes de Russie pour protester contre les vagues de licenciements massifs.

Le gouvernement, conscient du risque de contestation, a pris soin de dire qu'il ne toucherait pas aux dépenses sociales, bien que le budget 2009 s'annonce difficile à boucler avec des recettes prévues en baisse d'un tiers par rapport aux prévisions initiales.

Mardi, le président russe Dmitri Medvedev a ordonné à l'administration du Kremlin, ainsi qu'à celle des région de donner l'exmeple et de se serrer fortement la ceinture face à la crise.

Dans les ministères, les coupes budgétaires pourraient atteindre jusqu'à un tiers. Au final le ministère des Finances espère ainsi contenir le déficit budgétaire à moins de 8%. Le projet de budget révisé devrait être prêt d'ici à deux à trois semaines.

L'économie russe, portée ces dernières années par l'envolée des cours des matières premières, a été frappée de plein fouet par la crise notamment par la chute des prix du pétrole, principale source de devises du budget russes.

Dans le projet initial du budget, le gouvernement russe tablait sur un baril à 95 dollars, mais a baissé par la suite l'estimation à 41 USD.