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La tension monte d'un cran en Guadeloupe

Au lendemain des affrontements entre policiers et manifestants, la tension reste très vive en Guadeloupe qui entame son 27e jour de grève. Les Martiniquais, sujets au même ras-le-bol, poursuivent leur mouvement de protestation.

Retrouvez le carnet de route d'Eve Irvine et Willy Bracciano, nos envoyés spéciaux en Martinique, en cliquant ici.

AFP - Plusieurs communes de Guadeloupe étaient en proie à des désordres lundi en début de soirée avec des barrages spontanés sur les routes, après une journée de tension croissante dans l'île paralysée depuis 27 jours par une grève générale contre la vie chère.

L'annonce par Nicolas Sarkozy d'un rendez-vous jeudi avec les élus de tous les départements d'Outre-mer - première initiative directe du chef de l'Etat dans la crise antillaise - n'a en rien entamé la détermination des manifestants.

Des barrages tenus par des groupes de jeunes, le visage parfois masqués par des foulards, ont été signalés lundi soir en plusieurs points de la périphérie de Pointe-à-Pitre, selon diverses sources.


A Grand-Baie, sur la route reliant Pointe-à-Pitre à Gosier, des groupes de jeunes ont érigé des barrages, dont certains ont été incendiés.

Les forces de l'ordre ont été caillassées, selon les mêmes sources.

Lundi aux environs de 22H00 (03H00 mardi à Paris), une voiture a été incendiée par les manifestants et celle du procureur de la République caillassée.

Les forces de l'ordre présentes ont fait usage de grenades lacrymogènes et détonantes, selon des journalistes sur place.

Charlie Lendo, adjoint du leader du collectif de grève LKP Elie Domota, a ainsi assuré que faute de "satisfaction sur nos revendications, la mobilisation ira s'amplifiant".

Lors d'un meeting du LKP à Pointe-à-Pitre lundi soir, ses dirigeants ont affirmé qu'ils ne se "laisseraient pas abattre par la répression", et réaffirmé que les revendications formulées par le collectif de syndicats, partis et associations sont "justes".

La matinée avait été marquée par l'érection de barrages à des points stratégiques, puis leur démantèlement par les forces de l'ordre qui ont procédé à une cinquantaine d'interpellations.

Autant ces actions semblaient organisées - cocotiers coupés à la tronçonneuse par exemple - autant celles du soir paraissaient anarchiques, improvisées par des jeunes gens avec tous les matériaux à leur portée: troncs, détritus.

L'un de ces amas, au Gosier, petite commmune à 5 km de Pointe-à-Pitre, a été enflammé. Des CRS munis de boucliers sont intervenus, accueillis par des jets de pavés pris par les manifestants dans le cimetière, a constaté un journaliste de l'AFP.

Sur le pont de La Boucan à Sainte-Rose (Basse-Terre), des groupes de jeunes ont caillassé les forces de l'ordre, selon des journalistes qui ont évoqué des scènes de "guérilla urbaine".

Trois gendarmes mobiles ont été légèrement blessés, selon la même source, Aucune information n'avait cependant pu être obtenue en préfecture sur ce point.

Ces barrages empêchaient à nouveau la circulation alors que la réouverture de stations services le week-end avait mis fin à la pénurie d'essence sévissant depuis des jours.

Tous les interpellés du matin on été libérés au bout de quelques heures. Dix ont été convoquées en justice en juin pour notamment "violences avec armes".

En métropole, François Fillon a jugé que les barrages ne constituaient pas des "moyens légaux" d'expression. M. Jégo parlé d'une situation "pas acceptable".

A Paris, treize mouvements de gauche ont défilé en solidarité avec les Antilles.

Par ailleurs, un "Comité pour la sauvegarde des libertés" guadeloupéen a appelé lundi à une manifestation silencieuse mardi à Pointe-à-Pitre contre la paralysie de l'île en raison de la grève.

Parmi les signataires, Nicolas Vion, président de la fédération des professionnels de l'hôtellerie, a souhaité que cette manifestation se passe "dans le calme", tout regrettant les "exactions" qui ont marqué la journée de lundi.

Dans la Martinique voisine en grève depuis 11 jours, la situation semblait également bloquée. De 8.000 (préfecture) à 15.000 (organisateurs) personnes ont manifesté à Fort-de-france.

Dans la foulée des conflits antillais, un collectif guyanais a lancé un appel à une marche de protestation mercredi "contre la vie chère".