envoyé spécial à Ramallah – Alors que le président de l'Autorité palestinienne faisait son discours à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, notre envoyé spécial Willy Bracciano était aux côtés des Palestiniens à Ramallah et à Jérusalem. Carnet de route.
Le 23 septembre sera une journée dont je me souviendrai toute ma vie. Une journée qui commence à 4h30 du matin pour assurer un premier direct pour la télé à 6 heures. Au programme : manifestations en soutien à la démarche d'Abbas aux Nations unies mais aussi des affrontements.
On est vendredi, c'est le jour de la grande prière. Les rues de Ramallah sont animées. L'ancienne place de l'Horloge, rebaptisée place du Martyr Arafat, est presque vide. Les premiers journalistes commencent à s'installer. Les derniers balcons libres se monnaient chers. Mille dollars pour celui que nous convoitions. Finalement, on choisira la rue.
Après la prière, nous nous rendons au checkpoint de Qalandia, principal point de passage entre Ramallah et Jérusalem, connu pour les affrontements réguliers qui opposent des jeunes à l'armée israélienne. Ça n'a pas manqué. Quelques jeunes commencent à caillasser le mirador, encouragés par une trentaine de caméras à l'affût du moindre jet de pierres.
Aujourd'hui, le vent est avec nous, il souffle dans le sens contraire, donc les gaz lacrymogènes ont peu d'effet. Certains nous disent que si la police palestinienne avait accès à cette zone, administrée par Israël, pour contenir les jeunes, les troubles auraient pu être évités.
A 17 heures, la place de l'Horloge est noire de monde. Des hommes s'affairent à régler l'écran géant sur les Palestiniens pourront voir la retransmission du discours du président Mahmoud Abbas. Drapeaux, défilés, chants... "On n'avait pas vu ça depuis le retour d'Arafat en 1994", commente un homme. Les Palestiniens réunis sur la place ont tous le sentiment de vivre un moment historique.
A 19 heures, Mahmoud Abbas apparaît sur l'écran. Des applaudissements nourris s'élèvent de la foule. Quand le président de l'Autorité palestinienne s'avance à la tribune, l'émotion étreint la foule. Cela rappelle à quelques-uns un certain Yasser Arafat, qui, 38 ans auparavant, avait prononcé un discours pour la reconnaissance de l'OLP à cette même tribune.
Pleins d'espoir, quelques Palestiniens sont persuadés qu'Abbas va leur annoncer leur indépendance. Ce sera finalement un plaidoyer "simple, honnête et historique" de l'aveu de ceux qui l'ont écouté. "Je suis venu de la Terre sainte pour parler au nom du peuple de la Palestine à l'intérieur et à l'extérieur. Après 63 ans de souffrance... ça suffit !" Mahmoud Abbas est ovationné par la foule. La fête peut commencer.
Pour nous, le travail continue. Nous enchaînons les directs jusqu'à minuit. A 2 heures du matin, nous décidons de rentrer : la rédaction nous a déjà commandé un direct pour 9 heures le lendemain.