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Barack Obama pourra-t-il relancer l’emploi ?

Le président américain a dévoilé, ce jeudi devant le Congrès, son projet de "loi pour l’emploi" d'un montant de 447 milliards de dollars alloués à des baisses d’impôts et des investissements dans le développement des infrastructures.

"Vous devez voter cette loi pour l’emploi." La phrase a été répétée par le président américain Barack Obama douze fois pendant son discours, jeudi, devant le Congrès - une manière de souligner l’importance qu’il accorde à ce plan.

Le président américain propose de consacrer 447 milliards de dollars pour faire baisser le chômage qui touche actuellement 9,1% de la population active aux États-Unis. Ce plan comprend aussi bien des nouveaux investissements dans le développement des infrastructures que des baisses d’impôts pour les salariés et les entreprises. Il a été qualifié par beaucoup de commentateurs de "programme électoral pour l’élection présidentielle de 2012".

Revue de détail du dispositif de guerre anti-chômage que Barack Obama veut mettre en place.

Est-ce que 447 milliards de dollars suffisent ? "C’est un montant plus important que ce qui était attendu", a affirmé jeudi sur la chaîne américaine CBS Mark Thoma, économiste à l’Université de l’Oregon, qui rappelle qu'il avait, peu avant le discours de Barack Obama, plutôt été question d'un plan de 300 milliards de dollars.

La somme finalement proposée équivaut à 3% du PIB américain. "C’est mieux que rien, mais si on compare ce montant au 1 000 milliards de dollars que la crise des subprimes a coûté aux Etats-Unis, ce n’est pas non plus énorme", juge Paul Krugman, économiste à l’Université de Princeton dans un éditorial pour le "New York Times" vendredi.

Quels sont les effets attendus sur l’emploi ? Si le plan est adopté par le Congrès, il devrait commencer à produire ses effets sur l’emploi dès 2012 puisque "75% du montant sera dépensé l’année prochaine", relève les responsables de la banque d’investissement Goldman Sachs qui a évalué les effets économiques attendus des mesures proposés par Barack Obama.

"Les mesures proposées devraient permettre aux Etats-Unis de créer 4,3 millions d’emplois", juge Heidi Shierholz, économiste à l’Institut américain des politiques économiques. Actuellement, 14 millions de personnes sont au chômage aux Etats-Unis, et le plan proposé par Barack Obama vise donc à ramener ce chiffre sous la barre des 10 millions.

Comment Barack Obama compte-t-il dépenser cet argent ? Plus de la moitié de l’argent doit servir à financer des baisses d’impôts. En tout, le "plan pour l’emploi" prévoit 245 milliards de dollars d’allégement de charges aussi bien pour les salariés (175 milliards de dollars) que pour les employeurs (70 milliards de dollars).

L’autre grand volet concerne des investissements dans les infrastructures. Barack Obama compte dépenser 140 milliards de dollars essentiellement dans - le développement ? - des transports en commun (50 milliards de dollars) et dans la rénovation des écoles publiques (30 milliards de dollars)

Enfin, la Maison Blanche veut allouer 62 milliards de dollars pour étendre la durée des allocations chômage et inciter les entreprises à engager des chômeurs de longue durée.

Qui Barack Obama veut-il aider en priorité ? Les principaux bénéficiaires des mesures proposées jeudi devraient être les ouvriers, les enseignants et les chômeurs de longue durée.

Les importants investissements prévus dans les infrastructures doivent soutenir le secteur de la construction et donc permettre l’embauche d’ouvriers. Le plan prévoit de fournir 35 milliards de dollars aux collectivités locales afin de sauver 280 000 emplois d’enseignants qui étaient menacés à cause des déficits croissants des États américains. Enfin, un chèque de 4 000 dollars est promis à chaque entreprise qui embauche un chômeur de longue durée.

Comment ces mesures seront-elles financées ? C’est la grande inconnue de ce plan. Lors de son discours, Barack Obama a simplement promis que ces mesures seront financées sur dix ans. Le président des Etats-Unis a ajouté qu’il allait, la semaine prochaine, donner davantage de détails sur les économies "qu’il sera nécessaire de faire".

En attendant, ces nouvelles dépenses proposées risquent de venir compliquer la tâche du comité parlementaire bipartisan qui doit trouver une solution pour réduire de 1400 milliards de déficit américain avant le 24 novembre. "C'est un peu décourageant de se retrouver avec de nouvelles dépenses à venir alors que nous avions déjà du mal à nous mettre d'accord avant [ce plan pour l'emploi, NDLR] pour dégager suffisament d'économie", a regretté jeudi Rob Portman, un membre républicain de ce comité, à l'influent blog politique américain Politico.