L'attentat suicide contre le siège des Nations unies à Abuja qui a tué 23 personnes n'empêchera pas l'ONU de continuer à lutter contre le terrorisme, a annoncé la secrétaire-générale adjointe de l'organisation internationale.
AFP - La secrétaire-générale adjointe des Nations unies a réaffirmé l'engagement de l'organisation à lutter contre le terrorisme après l'attaque sanglante contre le siège de l'ONU à Abuja, où elle entamait une visite dimanche.
Dépéchée par son chef Ban Ki-moon après l'attentat suicide qui a fait au moins 19 morts vendredi matin dans la capitale nigériane, Mme Asha-Rose Migiro devait rencontrer des survivants et s'entretenir avec le président nigérian Goodluck Jonathan dans la journée, selon un porte-parole, Martin Dawes.
L'attaque ne fera que "renouveler notre détermination à combattre le terrorisme dans toutes ses ramifications", a déclaré Mme Migiro en arrivant à Abuja tard samedi soir.
Le responsable de la sécurité des Nations unies, Gregory Starr, également arrivé à Abuja, rencontrait dans la matinée l'équipe de l'ONU au Nigeria.
M. Starr doit enquêter sur les conditions de l'attaque, menée par un kamikaze en voiture qui est parvenu à franchir deux portails gardés avant de faire éclater ses explosifs en percutant la façade de l'immeuble où travaillaient environ 400 personnes pour de nombreuses agences onusiennes.
Des enquêteurs du FBI sont également arrivés au Nigeria, où beaucoup se demandent comment une telle attaque a été possible contre une enceinte très sécurisée.
L'immeuble de plusieurs étages a été éventré et l'attaque a fait des dizaines de blessés, soignés dans plusieurs hôpitals d'Abuja.
Un homme affirmant parler au nom de la secte islamiste nigériane Boko Haram a revendiqué vendredi soir l'attentat, mais ses propos n'ont pu être vérifiés de source indépendante et la police ne privilégiait aucune piste.
Des analystes ont jugé possible qu'une faction du groupe soit impliquée mais ont souligné qu'il était trop tôt pour l'affirmer.
Boko Haram, dont une insurrection en 2009 avait été violemment réprimée par les forces de l'ordre, avec plus de 800 morts en quelques jours, a multiplié depuis un an les attaques contre des postes de police, des patrouilles de l'armée ou des responsables politiques ou religieux.
Ses actions sont devenues plus sophistiquées, avec des bombes activées à distance, et une multiplication d'indices a fait craindre ces derniers mois des liens avec des groupes terroristes extérieurs comme la branche maghrébine d'Al-Qaïda (Aami), active au Niger voisin.
Boko Haram, qui a revendiqué un attentat à la voiture piégée contre le QG de la police à Abuja en juin (au moins deux morts) n'a jusqu'à présent jamais pris pour cible une organisation internationale.
La police est en état d'alerte sur l'ensemble du territoire depuis l'attaque de vendredi et la capitale fédérale est quadrillée par des patrouilles, de jour comme de nuit.
L'ONU a précisé samedi que neuf membres de l'organisation figurent parmi les personnes tuées.
"Nous avons perdu des gens motivés, intelligents et généreux qui ne travaillaient que pour le bien du Nigeria. Notre priorité est désormais de nous occuper des personnes blessées et des familles" des victimes, a déclaré une responsable de l'ONU au Nigeria, Agathe Lawson.
L'agence nationale de secours d'urgence (Nema), qui a fait état de 19 décès confirmés, a estimé que le bilan pourrait s'alourdir.
L'attaque s'inscrit parmi les pires subies par l'ONU.
En 2003, le QG de l'organisation à Bagdad avait été soufflé par un kamikaze. 22 personnes avaient été tuées dont l'envoyé spécial de l'ONU Sergio Vieira de Mello. En 2007 à Alger, 18 employés onusiens mouraient dans l'explosion d'une voiture piégée devant les immeubles du HCR et du PNUD.
La plupart des attaques menées par Boko Haram ont eu lieu dans le nord.
Son nom, en langue haoussa, signifie "l'éducation occidentale est un pêché" et le groupe, basé dans le nord-est, veut instaurer un Etat islamique au Nigeria.
Le Nigeria est la nation la plus peuplée d'Afrique dont les 150 millions sont à peu près aussi nombreux dans le nord majoritairement musulman que dans le sud à dominante chrétienne.