Le président sud-soudanais Salva Kiir s'est engagé à trouver une "paix juste et durable pour tous" dans le premier discours qu'il a prononcé depuis l'accession de son pays à l'indépendance, samedi.
AFP - Le président sud-soudanais Salva Kiir a appelé samedi ses compatriotes à pardonner après les longues années de guerre civile avec le Nord et à donner "des fondations solides" à leur nation, dans son premier discours à Juba après la proclamation de l'indépendance.
"Un jour heureux comme celui-là ne devrait pas être terni par de mauvais souvenirs. Mais il est important de se rappeler que cette terre a souffert pendant plusieurs générations (...) Nous devons pardonner, même si nous n'oublierons pas", a affirmé M. Kiir.
"A partir d'aujourd'hui, nous n'avons plus de bouc-émissaire à blâmer. Il est de notre responsabilité de nous protéger ainsi que nos terres et nos ressources", a-t-il ajouté devant des milliers de sudistes en liesse.
"Nos martyrs ne sont pas morts en vain. Nous avons attendu ce jour pendant plus de 56 ans. Il sera à jamais gravé dans nos coeurs et nos pensées", a-t-il par ailleurs souligné.
L'accession à l'indépendance intervient après plus de 50 ans de guerre - entrecoupée par une période d'accalmie de quelques années - entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum, un conflit qui a dévasté la région, fait des millions de morts et créé une méfiance réciproque.
"Nos détracteurs estiment que nous sommes perdus (...) Ils disent que nous allons plonger dans la guerre civile aussi vite que notre drapeau sera hissé", a-t-il souligné, réitérant son offre d'amnistie à l'intention des rebelles combattant l'armée sudiste qui abandonneraient les armes.
Un autre problème majeur pour le Sud-Soudan est la sécurité au niveau de ses frontières avec le Nord, notamment le long de l'Etat nordiste du Kordofan-Sud, en proie à des violences depuis le 5 juin.
M. Kiir a appelé dans cette perspective à travailler en faveur de la paix dans tout le Soudan : "Je peux assurer à la population d'Abyei, du Darfour, du Nil bleu, du Kordofan-Sud que nous ne l'oublions pas. Quand vous pleurez, nous pleurons, quand vous saignez, nous saignons".
"Je m'engage devant vous aujourd'hui à ce que nous trouvions une paix juste et durable pour tous", a-t-il martelé.
La province d'Abyei est revendiquée à la fois par le Nord et le Sud-Soudan. Les forces du gouvernement de Khartoum ont occupé Abyei le 21 mai et plus de 100.000 personnes ont depuis fui vers le Sud. Le gouvernement soudanais et le gouvernement du Sud-Soudan ont conclu un accord le 20 juin prévoyant la démilitarisation de ce territoire.
Le Darfour, dans l'ouest du Soudan, est en proie pour sa part depuis 2003 à une guerre civile ayant fait 300.000 morts selon les évaluations de l'ONU -10.000 d'après Khartoum- et au moins 1,8 million de déplacés.