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Sur fond de rumeurs évoquant une hypothétique annulation du mariage, le prince Albert et sa compagne se sont mariés civilement ce vendredi. Des milliers de personnes sont attendues aujourd'hui à Monaco pour célébrer leur union religieuse.
AFP - Le prince Albert de Monaco, 53 ans, et la Sud-Africaine Charlene Wittstock, 33 ans, se sont unis civilement vendredi, avec pour témoins leurs quelques milliers de sujets, réunis sur la place du palais et désireux d'oublier un instant les "cancans" affectant leur souverain.
Au terme d'une cérémonie de 20 minutes dans la petite salle du trône, les mariés ont fait une apparition à une fenêtre, échangeant un baiser sous les vivats, elle se lovant contre l'épaule de son mari en souriant, avant de saluer la foule.
Tout au long de la célébration civile, les futurs époux, lui en costume sombre et cravate crème, elle en longue jupe de mousseline et veste couleur ciel -dessinés par elle-même selon le palais- ont esquissé des sourires.
Philippe Narmino, président du Conseil d'Etat de Monaco, a exprimé la "joie" de célébrer cette union.
Evoquant les valeurs communes du couple, il s'est adressé à Charlene: "En épousant le prince, vous épousez un pays". "Vous apportez la fraîcheur de vos jeunes années, la richesse de votre culture", a-t-il souligné.
M. Narmino a lu des extraits du code civil stipulant les "droits et devoirs respectifs des époux", notamment l'article 181, "les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance", ou l'article 182, "les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille".
Puis vint la question du consentement, à laquelle les futurs époux ont répondu, elle d'abord, puis lui: "Oui".
Le prince, assis à côté de son épouse, lui a alors embrassé la main, sous les yeux de leurs proches, à commencer par les soeurs d'Albert, la princesse Stéphanie, qui se tamponnait les yeux, et la princesse Caroline.
Sur la place du palais, des milliers de Monégasques endimanchés, réunis sous un soleil de plomb, ont applaudi, agitant de petits drapeaux.
"Cela fait longtemps qu'on attendait ce mariage", disait une Monégasque de 30 ans. "C'est un mariage moderne, international", ajoutait-elle. "Ce n'est pas un mariage dynastique, il a pris quelqu'un de simple, elle est discrète, c'est quelqu'un comme nous."
"C'est un immense bonheur", a dit le maire de la ville-Etat, Georges Marsan, en remettant au couple venu sur la place le cadeau des Monégasques, deux oeuvres d'art.
Le prince a évoqué "une nouvelle page de l'histoire de la principauté". "Je forme le voeu qu'elle marque pour le pays un nouveau point de départ", a-t-il ajouté.
Le mariage du souverain est un moment espéré de longue date par les Monégasques qui, au nombre total de 7.800, avaient reçu un carton les conviant à y assister vendredi, décrété jour férié. De fait, à Monaco, on tente au mieux de ne pas se laisser perturber par la rumeur d'une désunion.
"C'est une chance d'être monégasque", explique un Monégasque octogénaire, ex-responsable du casino. "On a une belle vie, la préférence nationale, pas de service militaire... C'est important qu'il y ait un prince, parce que sans prince, pas de principauté!"
"Un mariage, c'est une sécurité pour la succession", ajoute-t-il. "Charlene me paraît bien jolie, reste à voir si elle s'adapte". Les rumeurs ? "Il y a beaucoup de jaloux".
Vendredi soir, les nouveaux mariés devaient assister sur le port à un concert de Jean-Michel Jarre, qui pourrait drainer 150.000 personnes, selon les forces de l'ordre.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont également attendues le lendemain, samedi, jour de la fastueuse célébration religieuse qui verra le couple traverser l'enclave en décapotable et offrir en clôture de ces deux jours "le feu d'artifice du siècle".