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Longtemps elle a soufflé le chaud et le froid sur sa possible candidature à la primaire socialiste. C'est désormais chose faite : Martine Aubry, première secrétaire du PS, a annoncé ce mardi à Lille qu'elle se lançait dans la course pour 2012.

"J’ai décidé de proposer ma candidature à l’élection présidentielle". Après avoir longtemps entretenu le suspense, la maire de Lille Martine Aubry se lance dans la course à la primaire du Parti socialiste, qui aboutira en octobre à la désignation du candidat pour la présidentielle. C’est de son fief lillois, que la première secrétaire du PS s’est adressée ce mardi "aux Français", devant lesquels elle a pris "l'engagement de la victoire" en 2012. "Je veux rendre à la France sa force, sa sérénité, son unité. Je veux redonner à chacun le goût de l'avenir et l'envie d'un destin en commun", a-t-elle déclaré.

Cette énarque, âgée de 60 ans, défiera notamment lors de cette primaire ses deux grands rivaux socialistes François Hollande, qui la devance d’une courte tête dans les derniers sondages, et Ségolène Royal, candidate malheureuse à la présidentielle de 2007 face à Nicolas Sarkozy.

Candidate par défaut ?

Sa candidature était devenue inéluctable depuis les déboires judiciaires de Dominique Strauss-Kahn. Jusqu’alors, un pacte tacite était censé lier DSK et Martine Aubry, chacun s’interdisant d’aller à la primaire si l’autre semblait le mieux placé. Or, avant son inculpation pour agression sexuelle sur une employée du Sofitel, DSK partait largement favori, selon les instituts de sondage.

Cet atermoiement fait dire à Gérard Grunberg, politologue spécialiste du parti socialiste, qu’il est aujourd’hui "impossible de savoir si Martine Aubry a vraiment envie de faire cette campagne, puisqu’elle était prête à laisser la place à DSK". Il estime ainsi que la première secrétaire a été soumise à de fortes pressions au sein de la direction de son parti pour se lancer dans la course à l’Elysée. "Étant à la tête du parti, elle était pressée et obligée de se porter candidate, ce qui l’a peut-être poussé à faire un choix contraire à sa volonté" explique Gérard Grunberg à France24.com.

Selon ce dernier, la droite n’hésitera d’ailleurs pas à l’attaquer sur cette "candidature par défaut". Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, a déjà ouvert le feu, estimant mardi dans un entretien au Figaro que Martine Aubry était candidate à la primaire PS "de manière résignée", "contrainte par tous les orphelins de Dominique Strauss-Kahn".

Soutiens et légitimité

Cette étiquette, l’ancienne numéro deux du gouvernement Jospin (1997-2000) devra rapidement s’en débarrasser. Notamment en s’appuyant sur ses soutiens au sein du PS, qu’elle dirige depuis 2008. Rue de Solférino, nombreux sont ceux qui ont en effet milité en sa faveur. Parmi eux, l’incontournable porte-parole du parti, Benoît Hamon, certains poids lourds, tels que le maire de Paris Bertrand Delanoë et l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, ainsi que le député strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis.

"Martine Aubry va mettre en avant son bilan à la mairie de Lille et celui à la tête du PS qui lui confère une légitimité supérieure à ses concurrents. C’est du moins ce qu’espère la direction du PS", analyse Gérard Grunberg.  

Anne Hidalgo, l’influente première adjointe au maire de Paris, a récemment confié sur l’antenne de FRANCE 24, avoir "vraiment envie qu'une femme avec la force et la solidité de Martine Aubry puisse accéder à la fonction suprême". Cette proche de la maire de Lille a souligné le "travail assez exceptionnel" de celle qui peut se prévaloir de la victoire du PS aux régionales de 2010 et aux cantonales de mars 2011. "Elle a rassemblé le PS d'abord et continue son travail de rassemblement de la gauche. Elle a fait voter le projet du PS à l'unanimité, ce qui ne s'était jamais vu", a-elle déclaré.

Reste à savoir quelle campagne entend mener la patronne du PS, qui devra rapidement céder la place à une direction collégiale pour garantir l’impartialité de la primaire. "Martine Aubry a toujours joué collectif. Elle doit clairement passer à une logique personnelle comme l’exige une campagne présidentielle. C’est tout l’enjeu de sa candidature", conclut Gérard Grunberg.