
Les insurgés libyens lancent un appel aux pays occidentaux qui s'étaient engagés le 8 juin à les financer. Les champs de pétrole étant à l'arrêt pour des raisons de sécurité, le Conseil national de transition a besoin de fonds en urgence.
REUTERS - Le responsable des Finances et du secteur pétrolier au sein des autorités formées par les insurgés libyens a accusé samedi les pays occidentaux de ne pas respecter leurs promesses d'aide financière.
Dans une interview à Reuters, Ali Tarhouni a affirmé que la production pétrolière de l'est de la Libye, contrôlé par les insurgés, était désormais complètement suspendue en raison des dégâts matériels provoqués par les combats contre les forces du régime de Mouammar Kadhafi.
"Nous n'avons plus (d'argent). Nous commençons à manquer de tout", a-t-il dit. "C'est un échec complet. Soit ils (les pays occidentaux) ne comprennent pas, soit ils s'en moquent. Rien ne s'est concrétisé pour l'instant. Et vraiment rien de rien."
Le 8 juin dernier, lors d'une réunion du "groupe de contact" sur la Libye, à Abou Dhabi, les insurgés libyens ont obtenu plus d'un milliard de dollars de promesse de financement.
Ali Tarhouni avait alors annoncé que le Conseil national de transition (CNT) de Benghazi espérait relancer "prochainement" la production de pétrole, à hauteur de 100.000 barils par jour, mais avait demandé une aide internationale d'urgence.
Prié d'expliquer pourquoi les pays occidentaux mettaient du temps à débloquer l'aide promise, Tarhouni répond laconiquement: "Aucune idée (...). Je suis fatigué de leur demander".
BUDGET MIS AU POINT
"Nous ne produisons plus de pétrole à cause des dégâts. Je ne m'attends pas à ce que nous en produisions rapidement. Les raffineries n'ont plus de brut, donc elles ne fonctionnent plus", a-t-il poursuivi dans l'interview.
Depuis le début du conflit le 15 février 2011, 45 pays ont reconnu le Conseil national de transition libyen (CNT) comme étant le "représentant unique et légitime du peuple libyen".
- La France – 10 mars
- Le Qatar – 28 mars
- Les Maldives – 3 avril
- L’Italie – 4 avril
- Le Koweït – 4 avril
- La Gambie – 22 avril
- La Jordanie – 24 mai
- Le Sénégal – 28 mai
- Malte – 1er juin
- L’Espagne – 8 juin
- L’Australie – 9 juin
- Les États-Unis – 9 juin
- Les Émirats arabes unis – 12 juin
- L’Allemagne – 13 juin
- Le Canada – 14 juin
- Le Panama - 14 juin
- L'Autriche - 18 juin
- La Lettonie - 20 juin
- Le Danemark - 22 juin
- La Bulgarie - 28 juin
- La Croatie - 28 juin
- La Turquie - 3 juillet
- La Pologne - 7 juillet
- Le Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas) - 13 juillet
- La Slovénie - 20 juillet
- La Grande-Bretagne - 27 juillet
- Le Portugal - 29 juillet
- Le Monténégro - 21 juillet
- Le Gabon - 12 août
- La Tunisie - 21 août
- L'Égypte - 22 août
- Koweït - 22 août
- Autorité palestinienne - 22 août
- Maroc - 22 août
- Bahreïn - 23 août
- Norvège - 23 août
- Nigeria - 23 août
- Irak - 23 août
- Liban - 23 août
- Grèce -23 août
- Burkina Faso - 24 août
- Éthiopie - 24 août
- Niger - 27 août
- Togo - 27 août
- Bénin - 27 août
- Guinée - 28 août
- Russie - 1er septembre
Prié de dire comment les autorités formées par les insurgés allaient pouvoir continuer à fonctionner, il a répondu: "Des gens sont morts pour cette révolution et d'autres continuent de mourir. Nous allons trouver une solution (pour collecter des fonds). Une chose est sûre: nous ne renoncerons jamais."
Ali Tarhouni a précisé que les insurgés avaient noué des contacts directs avec des compagnies étrangères en vue d'une future coopération. Il a cité notamment la française Total et l'allemande Wintershall en soulignant
qu'il n'avait aucun scrupule à discuter avec des entreprises ayant coopéré avec le régime de Mouammar Kadhafi.
"Nous avons besoin d'aide, nous disons que nous respectons tous les contrats. Mon seul ennemi, c'est Kadhafi et ses assassins et ses voyous", a-t-il dit. "En ce qui concerne les relations commerciales et les sociétés, je n'ai pas d'ennemis."
La Libye produisait 1,6 million de barils par jour (bpj) avant le conflit et en exportait 1,3 million. Les insurgés ont vendu leur premier tanker de pétrole brut à la compagnie
américaine de raffinage Tesoro en avril, mais la production s'est arrêtée par la suite, à cause de problèmes de sécurité dans les champs pétrolifères.
Les autorités à la tête de l'insurrection, dit Tarhouni, ont établi un budget d'un montant de 3,6 milliards de dinars libyens (trois milliards de dollars). "Mais mes besoins, dans
l'immédiat, sont bien inférieurs à cela. Je pourrai faire avec ce que j'obtiendrai", dit-il.
Les dépenses des insurgés, a-t-il évalué, sont de l'ordre de 100 millions de dinars libyens (86 millions de dollars) par jour.