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Déçus par le discours du roi, les contestataires appellent à rester mobilisés

Dans un discours très attendu, Mohammed VI a annoncé d'importantes réformes constitutionnelles qui seront soumises à référendum le 1er juillet. Une initiative jugée insuffisante par les contestataires qui restent mobilisés.

Renforcement des pouvoirs du Premier ministre et du Parlement, indépendance de la justice... En réponse aux demandes des manifestants exprimées par le mouvement du 20 février, le roi Mohammed VI a dévoilé, dans un discours prononcé vendredi soir à la télévision, son projet de révision de la Constitution. Les Marocains sont à présent appelés à valider par référendum, le 1er juillet, ces réformes qui visent à "consolider les piliers d'une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale", selon le roi, au pouvoir depuis 1999.

Déçu, le mouvement du 20 février maintient la pression

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Déçus par le discours du roi, les contestataires appellent à rester mobilisés

Mohammed VI qui restera "commandeur des croyants et chef de l'Etat" et dont la personne sera "inviolable", a concédé une partie de son pouvoir exécutif au Premier ministre. Ce dernier sera désigné au sein du parti arrivé en tête des prochaines élections législatives. Le "président du gouvernement" pourra dissoudre la Chambre des représentants et conduire la politique générale du pays qui sera débattue au sein du conseil du gouvernement, sans la présence du roi. Jusque-là, seul le conseil des ministres, présidé par le roi, pouvait décider de cette politique.

Du côté du Mouvement du 20 février, à l’origine des manifestations pour réclamer un État de droit, c’est la déception. Samedi, ses responsables ont appelé à manifester dimanche dans plusieurs villes pour "une constitution véritablement démocratique et une monarchie parlementaire". Les membres du mouvement voulaient "un roi qui règne, mais qui ne gouverne pas, précise Léa-Lisa Westerhoff, correspondante RFI pour FRANCE 24 au Maroc. Or, ils constatent que le roi conserve, malgré les réformes annoncées, l’essentiel de son pouvoir exécutif, judiciaire et religieux".

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Hosni Almokhli, membre du mouvement du 20 février et s’exprimant sur l’antenne de FRANCE 24, regrette "d’être toujours dans un système où une personne gère tout, c’est le contraire de la démocratie". De son côté, Mohammed Boudaaoua, membre du même mouvement, affirme qu’il votera contre les réformes, lors du référendum. "On va dire non à la Constitution, parce qu’elle ne répond pas à nos attentes, malgré les petits changements annoncés", déclare-t-il à FRANCE 24.

"Une véritable refondation de l’Etat"

En revanche, le discours a été favorablement accueilli par la plupart des partis politiques ainsi que par la presse nationale. Selon un éditorial du quotidien Le Matin intitulé "La nouvelle Révolution du Roi et du peuple", le discours royal "entérine en effet le processus de mise en œuvre démocratique le plus important de l'histoire contemporaine du Royaume". De son côté, le quotidien Assahra Al Maghribia évoque une révision constitutionelle, qui "renforce les fondements d’un régime monarchique constitutionnel, démocratique, parlementaire et social".

Des Marocains interrogés dans les rues de Casablanca par Léa-Lisa Westerhoff, reconnaissent également que le discours du monarque, très populaire dans le pays, fait preuve de modernité et se réjouissent que Mohamed VI se soit engagé dans la voie de l’indépendance de la justice et de la lutte contre la corruption".

Interrogé par FRANCE 24, le ministre marocain de la Communication, Khaled Naciri, salue, quant à lui, un discours qui consacre "une véritable refondation de l’Etat". Selon lui, ces réformes "doivent perturber pas mal de ceux qui étaient persuadés que nous allions vers un ravalement de façade". Ils devront "revoir leurs copies", a-t-il conclu. La campagne pour le oui ou pour le non vient de commencer.