
Le président équatorien a exigé l'expulsion d'un chargé d'affaires américain accusé d'avoir soudoyé les forces de l'ordre. En échange de 340 000 dollars, le diplomate aurait obtenu la nomination d'un officier au sein de la police.
AFP - Le président équatorien Rafael Correa a ordonné samedi l'expulsion sous 48 heures d'un diplomate de l'ambassade des Etats-Unis, accusé d'avoir conditionné une aide économique au choix du commandant d'une unité de la police.
Armando Astorga, chargé d'affaires américain pour les questions migratoires, de sécurité et de douane, a cependant déjà quitté le territoire équatorien le mois dernier, après avoir travaillé durant deux ans à Quito, selon une porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis.
"Il est parti d'Equateur début janvier dans le cadre de la rotation normale du personnel de l'ambassade", a déclaré Marta Youth à l'AFP.
"Monsieur Armando Astorga a 48 heures pour faire sa valise et se +tirer+ du pays", avait auparavant lancé Rafael Correa au cours de son allocution radiotélévisée hebdomadaire.
Le président socialiste a accusé le diplomate d'avoir tenté d'imposer à la police équatorienne le choix du commandant d'une unité de lutte contre la contrebande, en échange d'une aide économique de 340.000 dollars.
"Ici, il y a de la souveraineté et de la dignité, gardez votre argent sale!" a encore dit M. Correa en traitant le diplomate "d'insolent".
Selon le président, qui a lu à la télévision une lettre attribuée à ce diplomate, faute d'accord sur cette nomination, l'aide américaine a été "gelée" et une autre allocation de 160.000 dollars destinée à la lutte contre le trafic d'êtres humains a également été suspendue.
Le gouvernement américain "espère régler cette affaire avec les autorités équatoriennes cette semaine, mais il tient à souligner qu'il est satisfait de sa coopération bilatérale" avec l'Equateur, a précisé Marta Youth.
Elle n'a en revanche pas réagi à d'autres déclarations du chef de l'Etat équatorien concernant l'atterrissage d'avions des garde-côtes américains - chargés de la lutte antidrogue. M. Correa a assuré qu'il ne l'autoriserait pas sans avoir au préalable "sélectionné les pilotes de ces avions, pour éviter que des délinquants arrivent dans notre pays".
Les Etats-Unis ont fait cette demande à M. Correa pour compenser la fermeture en novembre d'une importante base antidrogue américaine en territoire équatorien, à Manta (sud-ouest).
Celle-ci sera démantelée à la suite de l'adoption en septembre d'une constitution d'inspiration socialiste qui interdit la présence de troupes étrangères.
Rafael Correa, qui a fait de la restauration de la souveraineté économique et politique de son pays un de ses thèmes de prédilection depuis son accession au pouvoir en 2006, est aussi en campagne pour sa réélection, aux élections générales qui seront organisées le 26 avril.
En 2008, le gouvernement avait déjà dénoncé une "infiltration" de l'agence américaine de renseignement (CIA) dans ses propres services.
Les autorités équatoriennes avaient également affirmé que la CIA savait que l'armée colombienne bombarderait un camp de la guérilla colombienne des Farc en territoire équatorien, opération dans laquelle 25 personnes ont été tuées le 1er mars 2008 et qui a entraîné la rupture par Quito des relations diplomatiques colombo-équatoriennes.