
Réunis lors du sommet du G8 à Deauville, les dirigeants des pays membres se sont inquiétés jeudi de l'impact des dettes des États sur la croissance mondiale. Ils ont également exprimé leur intention de venir en aide aux nations arabes.
REUTERS - Les dirigeants des pays du G8 ont tiré jeudi la sonnette d'alarme à propos de l'impact des dettes des Etats sur la croissance mondiale mais se sont engagés à mobiliser des fonds pour venir en aide aux nations arabes engagées sur la voie de la démocratie.
Le spectre d'une guerre civile au Yémen, où des affrontements entre partisans et adversaires du pouvoir ont fait des dizaines de victimes dans la nuit de mercredi à jeudi, a ajouté un sentiment d'urgence à leur décision de discuter de la consolidation du "printemps arabe".
La France, pays hôte du sommet annuel de ce forum qui réunit les sept plus grandes économies occidentales plus la Russie, a appelé au départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh.
Le projet de communiqué final qui doit être approuvé vendredi contient des condamnations sévères des gouvernements libyen et syrien, leur demandant de cesser les violences contre leurs peuples.
Mais la Russie, très critique de l'intervention de l'Otan contre le régime de Mouammar Kadhafi, a fait entendre sa différence en indiquant qu'il lui avait été demandé de mener une médiation pour tenter de trouver une issue à la crise libyenne.
L'information n'a été confirmée dans l'immédiat par aucun des sept autres pays. "Nous n'avons pas dû entendre la même chose", a réagi une source diplomatique du G8. Les présidents américain Barack Obama et français Nicolas Sarkozy, comme le Premier ministre britannique David Cameron, ont à nouveau pressé le dirigeant libyen de démissionner.
Membre du G8 comme des Brics, le forum de consultation des grands pays émergents, Moscou s'est fait aussi l'écho des aspirations de ceux-ci à jouer un plus grand rôle dans les institutions internationales, à commencer par le Fonds monétaire international (FMI).
La Grèce invitée à en faire plus
Le président Nicolas Sarkozy a jugé que la direction générale du FMI, poste laissé vacant par la démission de Dominique Strauss-Kahn à la suite d'un scandale sexuel, devait rester dans des mains européennes, défendant la candidature de sa ministre de l'Economie Christine Lagarde.
Il a invoqué pour cela la mobilisation actuelle du Fonds pour le sauvetage de la Grèce et d'autres pays du sud du vieux continent.
Sur le sujet, un porte-parole de la délégation japonaise a indiqué que le G8 était convenu que la Grèce devait faire plus pour redresser ses finances publiques.
"Plusieurs dirigeants ont insisté sur le fait que les problèmes de dette publique en Europe, la hausse des cours du pétrole, des denrées alimentaires et des matières premières et la surchauffe des économies émergentes étaient autant de facteurs pesant sur l'économie mondiale", a-t-il dit.
"Pour ce qui est de la Grèce, plusieurs dirigeants ont jugé important qu'elle continue de travailler sur la réforme de ses finances de concert avec le FMI", a-t-il ajouté.
Si les Européens du G8 devraient s'engager à contenir la crise de la dette dans la zone euro, le projet de communiqué final invite aussi les Etats-Unis et le Japon à faire en sorte que la trajectoire de leurs finances publiques soit soutenable.
A propos du Yémen, la France a déploré les combats en cours depuis lundi dans la capitale de Sanaa, "conséquence de l'impasse politique actuelle dont le président Saleh porte l'entière responsabilité par son refus de signer l'accord de transition du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCEAG)".
Alors que seuls deux pays arabes, la Tunisie et l'Egypte, ont entamé des transitions démocratiques, et que d'autres, comme la Libye et la Syrie, sont en proie à des violences, le Premier ministre britannique David Cameron a estimé que le G8 devait se ranger derrière la rue arabe.
Lancement du partenariat de Deauville
"Je veux que ce sommet débouche sur un message très simple et très clair, celui que les plus grandes puissances mondiales se sont réunies pour dire à ceux qui, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, veulent plus de démocratie, plus de liberté et plus de droits, "nous sommes à vos côtés", a-t-il dit.
"Nous aiderons à la construction de votre démocratie, nous aiderons vos économies (...) nous vous aiderons par tous les moyens, parce que l'alternative à une démocratie établie c'est encore plus de l'extrémisme venimeux qui a fait tant de dégâts dans notre monde."
Les pays du G8 devraient dire vendredi matin quels moyens ils sont prêts à consacrer à cette entreprise avec le lancement du "partenariat de Deauville".
Selon le projet de communiqué final que s'est procuré Reuters, ils estiment que le FMI pourrait financer ces programmes à hauteur de 35 milliards de dollars et les banques de développement multilatéral de 37 milliards.
Le Premier ministre japonais Naoto Kan a pour sa part informé le sommet des conséquences du tremblement de terre et du tsunami meurtrier du 11 mars dernier sur l'économie de son pays.
Il a promis la transparence sur l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, le pire depuis Tchernobyl, et annoncé son souhait d'organiser une conférence internationale sur la sûreté du nucléaire l'an prochain, pour en partager les leçons.
Le G8 devrait par ailleurs adopter une déclaration sur le rôle d'internet et fera vendredi le point de son partenariat existant avec l'Afrique".