La ministre française de l’Économie est officiellement candidate à la succession de Dominique Strauss-Kahn. Christine Lagarde ne veut pas apparaître comme la candidate de l’Europe. Décryptage de sa conférence de presse.
Christine Lagarde a finalement décidé de se lancer dans la bataille pour la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI. La ministre française de l’Économie a motivé sa candidature au cours d'une conférence de presse de près d’une heure. Retour sur ses principales déclarations.
"Je ne suis pas la candidate de l’Eurogroupe" : Christine Lagarde ne veut pas apparaître comme la candidate de l’Europe et l’a fait savoir à plusieurs reprises lors de son annonce. Une posture rendue nécessaire par le débat actuel sur la légitimité de voir un nouvel Européen prendre la direction du FMI. Les pays émergent veulent rompre avec cette tradition selon laquelle l’institution est présidée, depuis 1945, par un représentant du Vieux Continent.
Cette déclaration souligne également la différence entre l’annonce de candidature de Christine Lagarde et celle de Dominique Strauss-Kahn en 2007. A l’époque, c’était le président de l’Eurogroupe qui avait officialisé la candidature de DSK.
"Être française n’est pas un handicap" : Lapidaire, Christine Lagarde a évacué d’une phrase le problème potentiel d’un nouveau président du FMI français après l’affaire de mœurs qui a fait chuter Dominique Strauss-Kahn. Si Christine Lagarde accède à la tête du FMI, elle sera la cinquième Française à occuper ce poste (depuis sa création, le FMI a eu dix directeurs généraux, dont quatre Français).
"Je ne suis pas la candidate des banques et du système" : Contrairement à Dominique Strauss-Kahn, Christine Lagarde se présente comme libérale, au sens économique du terme. Son passé d’avocate d’affaires à Chicago contribue également à nourrir l’image d’une femme proche des milieux financiers.
Un profil qui peut jouer en sa défaveur à une époque où les dérives du système bancaire et du secteur financier ont contribué à l’éclatement de la crise de 2008. Christine Lagarde le sait et elle s’est présentée lors de son annonce comme "une femme de tempérament libéral, mais d’un libéralisme tempéré". Elle assure être en faveur d’une "certaine régulation" du secteur financier.
" Si l’enquête [dans l’affaire Bernard Tapie, NDLR] devait aller plus loin, je maintiendrais ma candidature" : L’arbitrage rendu, en 2008, en faveur de l’homme d’affaires Bernard Tapie et contre le Crédit lyonnais est le talon d’Achille de la candidate Christine Lagarde. Elle est soupçonnée d’"abus d’autorité" dans cette histoire. Le procureur général de la République a même demandé à la Cour de justice de la République (qui juge les ministres en exercice) d’ouvrir une enquête à ce sujet.
Cette juridiction doit décider le 10 juin si elle décide de lancer une procédure ou non. Une épée de Damoclès qui semble ne pas effrayer la ministre française de l’Économie qui assure "avoir toujours agi dans le sens de l’intérêt général et dans le respect du droit".
"Je ne donne pas de gage aux pays émergents" : Depuis quelques jours, des rumeurs circulaient sur un éventuel marchandage entre Européens et pays émergents : ces derniers accepteraient un nouveau directeur européen et recevrait en échange un poste de directeur adjoint. Christine Lagarde a donc nié l’existence d’un tel accord. La nouvelle candidate française a simplement assuré qu’elle achèverait de mettre en place la réforme initiée en 2008 par Dominique Strauss-Kahn qui vise à accorder un droit de vote plus important aux représentants des pays émergents au sein du FMI.