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Selon le CNT, le Français tué à Benghazi menait des activités illicites

L'ancien patron de la société de sécurité Secopex, tué jeudi à Benghazi au cours d'un contrôle de police, menait des activités illicites qui mettaient en danger la sécurité de la Libye, estime le Conseil national de transition libyen.

AFP - La mort en Libye d'un ancien parachutiste français, patron d'une société privée de sécurité, et l'arrestation de quatre de ses employés, a tourné vendredi à l'affaire d'espionnage, la rébellion accusant les cinq Français d'avoir menacé la sécurité de la Libye.

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"Secopex voulait ouvrir un bureau à Benghazi"
Selon le CNT, le Français tué à Benghazi menait des activités illicites

"Le soir du 11 mai, les forces locales de sécurité à Benghazi ont reçu l'ordre d'arrêter un groupe de 5 Français menant des activités illicites qui mettaient en danger la sécurité de la Libye libre", dit le Conseil national de transition (CNT), l'instance dirigeante de la rébellion, dans un communiqué.

"Ces hommes avaient été sous surveillance depuis un certain temps", ajoute le CNT. "Malheureusement, il (NDLR: l'ancien parachutiste) a été touché par accident après avoir tenté de résister. Il a été transporté à l'hôpital mais a succombé".

"Une possibilité est qu'ils aient été engagés comme espions par le régime de Kadhafi", a déclaré ensuite à l'AFP un porte-parole de la rébellion.

Deux sources diplomatiques européennes avaient auparavant indiqué que les employés et le patron de la société étaient soupçonnées d'"espionnage au profit de Kadhafi".

Tué dans la nuit de mercredi à jeudi par des rebelles à Benghazi, Pierre Marziali, 47 ans, était un ancien sous-officier au sein du 3e régiment parachutiste d'infanterie de marine. En 2003, il avait fondé la Secopex, installée à Carcassonne, qui se présente comme une "société d'appui stratégique et opérationnel".

De son côté, la Secopex a indiqué dans un communiqué que ses employés et son patron étaient "en contact" avec la rébellion qui avait demandé "un soutien en formation et en matériel". La société assure que Marziali a été tué, "lors d'un contrôle, alors qu'il sortait d'un restaurant en compagnie de ses collaborateurs, dont on est toujours sans nouvelle".

Dans une interview à Libération, le vice-président de la société, Robert Dulas, a rejeté les accusations d'espionnage, assurant que les autorités françaises et les rebelles étaient au courant des activités de la Secopex en Libye.

"Le CNT nous a demandé de faire de la formation", assure Robert Dulas, présent en Afrique depuis de nombreuses années et ex-conseiller de plusieurs dirigeants africains. "Personne n’a tenté de nous dissuader de proposer nos services à Benghazi", souligne-t-il, évoquant même un "feu orange" des autorités françaises.

Selon des sources spécialisées dans les milieux de la sécurité privée, les activités de la Secopex ont à plusieurs reprises suscité l'intérêt des services de renseignement français.

Jeudi, le Quai d'Orsay avait annoncé dans un communiqué laconique la mort de Marziali et les arrestations de quatre de ses employés au cours d'un "contrôle de police à Benghazi". Touché à l'abdomen, il est décédé dans la nuit après plusieurs tentatives de réanimation à l'hôpital de Jalaa.

Les hommes habitaient une villa du centre de Benghazi où ils rencontraient volontiers leurs voisins libyens. "Peu après minuit, quatre véhicules, une voiture, deux Land Cruiser et un pick up sont arrivés et des rebelles sont entrés dans la maison. Ils sont sortis moins d'une demi-heure plus tard", a dit Anis Shaluf, un voisin de la maison des Français.

"Je les ai rencontrés il y a dix jours à l'hôtel Tibesty", à Benghazi, avait expliqué pour sa part à l'AFP Moustafa Gheriani, un porte-parole du CNT. Les hommes lui ont dit chercher des contrats dans le domaine de la sécurité en Libye et ont proposé d'entraîner les rebelles.

Une source diplomatique européenne a également affirmé qu'un des interpellés est Pierre Martinet, un ancien agent de la DGSE reconverti notamment dans le service de sécurité de la chaîne Canal+. La sortie en 2005 d'un livre écrit par M. Martinet avait créé un scandale. Il y affirmait avoir espionné Bruno Gaccio, un ancien auteur des Guignols, à la demande de la direction de la chaîne cryptée et y dévoilait des détails sur sa formation d'agent de la DGSE. Il a été poursuivi dans les deux affaires.