
La Grèce va sans doute avoir besoin d’une nouvelle aide financière pour éviter la banqueroute. L'an dernier pourtant, l’Union européenne et le FMI lui prêtaient 110 milliards d’euros. Pourquoi cette somme n’a-t-elle pas suffi ?
L’Union européenne (UE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE) sont de nouveau au chevet de la Grèce. Des représentants de chacune de ces trois institutions sont arrivés à Athènes, ce mardi, pour essayer de comprendre pourquoi les 110 milliards d’euros promis au pays en mai 2010 pour le sortir de la crise financière dans laquelle il est englué ne suffisent pas à le sauver. Une fois cette énigme résolue, ils se pencheront également sur la possibilité de lui accorder un nouveau soutien.
Bien que la Grèce n’ait pas encore fini de toucher l’intégralité des fonds du premier plan de sauvetage qui lui a été octroyé, le scénario est de plus en plus probable, car le pays risque de ne pas pouvoir lever des fonds sur les marchés financiers comme le prévoyait le plan de sauvetage international de 2010.
Athènes devait en effet recommencer à trouver de l’argent sur les places financières à partir de 2012 - environ 24 milliards d’euros -, en plus des 110 milliards d’euros qui lui ont été accordés. Or, "rien n’indique qu'elle pourra le faire à cette date puisque les taux ont plutôt tendance à augmenter depuis un an", explique Céline Antonin, spécialiste de la Grèce à l’Office français des conjonctures économiques (OFCE), avant de poursuivre : "Si les marchés avaient joué le jeu, le plan d’aide aurait dû fonctionner"...
Et pour cause : le pays n'a pas ménagé sa peine pour tenter de redorer son blason économique afin de rassurer les investisseurs. Il a utilisé l’argent prêté par l’UE pour rembourser une partie de ses dettes et commencer à assainir ses comptes. Les autorités ont également lancé un vaste plan de privatisations qui doit rapporter 15 milliards d’euros d’ici à la fin de 2013 et les Grecs sont soumis à un plan de rigueur draconien qui s’est traduit par des manifestations monstres en 2010 contre le gouvernement. Autant de mesures qui ont permis à Athènes de réduire son déficit de 5 points en un an entre 2009 et 2010 (de 15,4 % à 10,5 % du PIB).
Des marchés "court-termistes"
Ces signaux n’ont pourtant pas suffi. "Les marchés pensent que la Grèce va devoir restructurer sa dette et refusent de lui prêter de l’argent à des taux décents", explique Céline Antonin. L’UE et le FMI espéraient que la Grèce pourrait se financer à partir de 2012 à des taux aux alentours de 5,5%. Ils sont actuellement à 15 %... « Les marchés financiers ne réfléchissent qu’à court terme, alors que le plan de sauvetage permet d’aplanir la situation à moyen terme", juge Céline Antonin. Or, à court terme, le déficit de la Grèce reste très élevé tandis que sa dette publique a bondi de 115 % à 150 % du PIB entre 2009 et 2010.
Cette méfiance des marchés est par ailleurs un coup dur pour l’Europe. Si les plans de sauvetage ne réussissent pas à rassurer les marchés, à quoi servent-ils ? La question est d'autant plus importante que deux autres pays de l'Union, le Portugal et l'Irlande, ont également bénéficié d'un plan d'aide de l'UE et du FMI. "Il doit y avoir à l’heure actuelle en Irlande et au Portugal des responsables qui espèrent que les marchés vont voir un peu plus loin que le bout de leur nez", conclut Céline Antonin.