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Affrontements à la frontière avec la Tunisie, Kadhafi lance ses chars sur Misrata

La bataille pour le contrôle de la frontière libyenne avec la Tunisie est intense : les forces pro-Kadhafi ont repris quelques heures cette position, avant de céder devant les assauts des insurgés. Les combats continuent à Misrata et à Tripoli.

AFP - L'ouest de la Libye était le théâtre vendredi de violents combats entre rebelles et forces gouvernementales pour s'assurer le contrôle de la frontière avec la Tunisie et de l'aéroport de Misrata, alors que la capitale Tripoli était la cible des frappes de l'Otan.

Qui contrôle le port de Misrata ?

Alors que les rebelles tentaient de contenir l'assaut des chars kadhafistes sur Misrata, son port serait tombé aux mains des soldats de Mouammar Kadhafi vendredi soir, a annoncé le porte-parole du gouvernement libyen sans que les rebelles ne confirment cette déclaration. Plus tôt dans la soirée, Tripoli avait menacé d'attaquer tout bateau entrant dans le port, affirmant que les aides destinées à la ville devraient désormais être acheminées "par voie terrestre et sous la supervision de l'armée" libyenne.
 

De violentes explosions ont retenti vendredi à partir de 07H30 (05H30 GMT) autour de l'aéroport de Misrata, situé à deux kilomètres au sud-ouest de cette ville rebelle, selon des journalistes de l'AFP.

Vers 09H00 (07H00 GMT), des affrontements à l'arme automatique ont également commencé.

Depuis que les forces pro-Kadhafi ont été chassées lundi de Misrata, grande cité côtière à 200 kilomètres à l'est de Tripoli, les combats se poursuivent dans les faubourgs de la ville, les rebelles usant de leur avantage pour repousser toujours plus loin l'armée régulière.

Le point de fixation reste la zone de l'aéroport, contrôlé par les pro-Kadhafi. Aux autres sorties, les forces régulières ont reculé de 20 à 30 km, selon des rebelles qui les harcèlent, soutenus par des frappes quotidiennes de l'Otan.

"Nous attaquons pour mieux nous défendre", a expliqué le chef militaire de la rébellion locale, Ibrahim Bet-Almal. Cependant, Mouammar "Kadhafi envoie chaque jour des renforts dans la région", a-t-il assuré.

Selon le Croissant rouge, les violences à Misrata ont fait environ 1.500 morts, habitants et rebelles, en deux mois. Selon le procureur local, plus de 500 personnes ont aussi été enlevées dans cette ville par les forces pro-Kadhafi, et leur sort était inconnu.

Toujours dans l'ouest, le poste-frontière de Dehiba, à la limite avec la Tunisie, conquis par les rebelles le 21 avril et repris jeudi après-midi par les forces gouvernementales, est de nouveau retombé aux mains des rebelles dans la soirée.

Les combats ont été violents, et plusieurs ambulances sont passées de Tunisie en Libye pour évacuer des blessés, selon des témoins.

Dans l'après-midi, des heurts ont eu lieu "des deux côtés de la frontière" avec la Tunisie, selon plusieurs témoins et une source militaire occidentale. Des rebelles passés côté tunisien ont été poursuivis par des pro-Kadhafi "sur environ un kilomètre".

Tunis a dénoncé dans la nuit une "violation de l'intégrité territoriale tunisienne" par la Libye, et évoqué une "dangereuse escalade militaire".

Dans la soirée, la capitale Tripoli a été secouée par au moins cinq explosions vers 23H00 (21H00 GMT), après le passage d'avions de l'Otan, selon une journaliste de l'AFP et des témoins, qui ont dit avoir vu des colonnes de fumée s'élever du quartier d'Ain Zara, cible régulière de raids aériens.

Dans l'Est, les forces gouvernementales ont pris le contrôle d'al-Koufra, une ville du désert à 600 km au sud-est de Benghazi, selon la rébellion.

Les Etats-Unis ont souligné jeudi soir que la coalition internationale, accusée par certains pays de dépasser le mandat de l'ONU, était confrontée à un adversaire atypique, affirmant par exemple que le régime du colonel Kadhafi distribuait du viagra à ses soldats pour qu'ils violent des femmes.

Jeudi, le chef militaire des rebelles, Abdel Fattah Younés, avait exhorté l'Occident à leur fournir des armes, affirmant que M. Kadhafi pourrait utiliser des "armes chimiques" contre les insurgés pour se maintenir au pouvoir.

"Nous avons reçu des armes en petites quantités mais pas les armes adéquates dont nous avons besoin", a-t-il ajouté, évoquant en particulier des hélicoptères Apache et les missiles antichars.