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, envoyé spécial à Abidjan – Le calme revient progressivement dans la capitale économique ivoirienne. Alors que les commerces rouvrent les uns après les autres et que les voitures recommencent à circuler, les ressortissants étrangers sont priés de réintégrer leur domicile.

Quarante-huit heures après l'arrestation de l'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, dans sa résidence présidentielle en ruine du quartier de Cocody, la vie reprend timidement son cours normal à Abidjan. Dans certains quartiers, l'eau et l'électricité ont été rétablies. En ville, marchés, commerces, stations-service et pharmacies rouvrent progressivement et les taxis collectifs recommencent à circuler, comme le confirme le commandant Daguillon, porte-parole de la force française Licorne, qui participe aux opérations de sécurisation de la capitale économique ivoirienne.

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La Licorne et les FRCI collaborent pour ramener la sécurité à Abidjan
Abidjan tente de retrouver une vie normale

La réouverture du Port autonome d'Abidjan, poumon économique de la Côte d'Ivoire et de toute l'Afrique de l'Ouest, dont les quais restent aujourd'hui encore désespérément vides, est également annoncée pour bientôt : lundi, affirment certains... Peut-être même avant, annoncent d'autres sources plus optimistes encore.

Mais le signe le plus tangible d'un retour progressif à la normale est la fermeture annoncée du camp de la force française Licorne aux civils. Vendredi soir, sauf cas particuliers, les ressortissants étrangers venus se réfugier à Port-Bouët depuis le 31 mars - date à laquelle les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) d'Alassane Ouattara sont entrées dans Abidjan - devront avoir plié bagage.

Tirs sporadiques

Face à la précarité des conditions de vie dans le camp, beaucoup n'ont toutefois pas attendu qu'on les mette dehors pour regagner leur domicile. Ce mercredi, un peu plus de 1 300 civils dormaient encore sous les tentes militaires aménagées à leur intention par Licorne, contre 1 900 en début de semaine. Parmi ceux qui ont décidé de faire place nette, Georges, un homme d'affaires franco-ivoirien exfiltré, il y a quatre jours, de l'église catholique Saint-Michel d'Adjamé avec l'aide de l'armée française. Croisé à la sortie du camp, il estime aujourd'hui pouvoir retourner vivre chez lui en toute sécurité.

Si certains d'entre eux sont pressés de quitter les lieux, d'autres se montrent toutefois plus prudents et n'osent pas encore retourner directement à leur domicile. C'est notamment le cas de ceux qui vivent dans les quartiers résidentiels d'Abidjan, les plus touchés par les violences et les pillages au plus fort de la crise. Tel ce commerçant libanais installé dans la Zone 4, Riad, qui a envoyé femme et enfants à Beyrouth avant de venir chercher la protection de Licorne dès les premières heures de la bataille d'Abidjan, et qui préfère ainsi aller passer quelques jours chez des amis, dans un autre quartier, avant de regagner son domicile.

Une précaution loin d'être superflue, car si les Abidjanais commencent à entrevoir le bout du tunnel, le calme n'est pas encore revenu partout en ville. Le président Alassane Ouattara a beau avoir promis de tout mettre en œuvre pour rétablir la sécurité au plus vite, des tirs sporadiques d'armes automatiques font encore des victimes : au moment où Georges, l'homme d'affaires, franchissait les grilles du camp français de Port-Bouët, un jeune Ivoirien venait, lui, y chercher de l'aide... une balle dans la jambe gauche depuis la veille.