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Le leader de la gauche péruvienne est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, selon des résultats partiels. Reste à savoir qui du libéral Pedro Pablo Kuczynscki ou du populiste Keiko Fujimori sera son adversaire au second tour.

AFP - Le candidat de gauche Ollanta Humala disputera le second tour de l'élection présidentielle au Pérou, mais l'identité de son rival, Pedro Pablo Kuczynski ou Keiko Fujimori, reste très incertaine, selon des projections et un décompte officiel partiel dimanche soir.

L'ancien lieutenant-colonel Humala, 48 ans, qui avait été battu au second tour en 2006, obtenait 27% des voix, selon les résultats partiels annoncés par l'Organisme électoral (ONPE) avec 43% des suffrages décomptés, vers 22H30 locales (03H30 GMT lundi).

Mais une grande indécision régnait sur son rival: pour l'ONPE, l'ancien financier de Wall Street et ex-Premier ministre libéral (2005-06) Pedro Pablo Kuczynscki, 72 ans, arrivait en 2e position, avec 23,6% des voix.

Derrière lui, Keiko Fujimori, la députée de droite populiste de 35 ans et fille de l'ancien président autoritaire des années 1990-2000 aujourd'hui emprisonné, Alberto Fujimori, obtenait 21,8% des voix.

Selon les sondages à la sortie des urnes, c'est au contraire Fujimori qui affronterait Humala au 2e tour: elle devancerait Kuczynski de 1,8 à 3 points, selon les instituts.

"On nous donnait morts, et voila qu'on ressucite !", a lancé Kuczynski à ses partisans à Lima, les appelant à la patience.

Selon certains sondeurs, Kuczynski pourrait se voir rattrapé, à mesure de l'arrivé tardive du vote des provinces, censées lui être moins favorables.

Mais une photo fiable du second tour, le 5 juin, pourrait ne pas émerger avant plusieurs jours, comme en 2006, en raison d'un décompte officiel lent et de recomptages.

"Tout nous laisse penser que nous serons au second tour", a lancé à ses partisans Humala dimanche soir, leur donnant rendez-vous "le 28 juillet (date de l'investiture) à la Présidence, pour un grand changement, une grande redistribution de la richesse".

"Nous sommes au second tour !", a aussi assuré Keiko Fujimori au centre de Lima, à une foule scandant "Chino ! Chino !", surnom de son père.

Un éventuel second tour Humala-Fujimori a été décrit par des analystes comme augurant d'une forte polarisation de la vie politique: "Humala est le plus à gauche, Keiko la plus a droite, les deux représentent des modèles autoritaires", a ainsi déclaré a l'AFP Luis Benavente, du Groupe d'opinion de l'Université catholique de Lima.

Il mettrait face à face un candidat de gauche nationaliste, accusé par ses adversaires d'être proche du président antilibéral du Venezuela Hugo Chavez, et la fille d'un ex-chef d'Etat autocratique, incarcéré pour des massacres de civils lors de la répression des guérillas des années 90, et pour corrutpion.

Un choix "entre un passé sombre et un saut dans le vide", a estimé Alejandro Toledo, l'ex-président centriste (2001-06), distancé avec 15,4% des voix.

Pour le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, qu'Alberto Fujimori battit à la présidentielle de 1990, ce duel serait "une catastrophe".

Près de 20 millions de Péruviens ont voté sans incidents dimanche pour élire un successeur à Alan Garcia (centre-droit) au terme d'une campagne dominée par l'urgence de partager la croissance record (+ 8,78% en 2010), qui a oublié en chemin 34% de personnes vivant dans la pauvreté.

Toledo, en concédant sa défaite, a estimé qu'Humala "a su canaliser la colère du Pérou", pour cette croissance sans répartition des bénéfices.

Humala, qui combattit dans les années 90 la guérilla maoïste, est très populaire dans les régions andines sous-développées.

Depuis 2006, il a modéré sa rhétorique antilibérale et marqué ses distances avec Chavez, dont le soutien lui avait sans doute coûté la victoire il y a cinq ans.

Les Péruviens renouvelaient aussi leur parlement unicaméral. Selon le décompte partiel, il sortira fragmenté, avec le parti d'Humala en tête, suivi de celui de Keiko Fujmori.