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Le camp Gbagbo se dit prêt au dialogue... sans la France

Lors d'une conférence de presse tenue ce vendredi à Paris, Toussaint Alain, proche conseiller de Laurent Gbagbo, a une nouvelle fois refusé de reconnaître la défaite électoral de son camp et appelé la France à se tenir à l'écart du conflit ivoirien.

Retranché dans le bunker de sa résidence à Abidjan, soumis à un blocus, encerclé par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, alliées à Alassane Ouattara), et protégé par un petit noyau dur qui ne compte qu’un millier d’hommes, Laurent Gbagbo ne semble plus en mesure d'inverser le rapport de force par les armes. C'est donc par les mots de son proche conseiller à Paris, Toussaint Alain, que le président ivoirien sortant a tâché  aujourd'hui de contre-attaquer.

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INTERVIEW EXCLUSIVE
Le camp Gbagbo se dit prêt au dialogue... sans la France

À l’occasion d’une conférence de presse tenue ce vendredi à Paris, en présence de Me Jacques Vergès, l’un des deux avocats de Gbagbo, la "voix de la propagande", comme le qualifie les partisans de Ouattara, s'est employée à ne rien laisser paraître de la fébrilité de Laurent Gbagbo. "Le président va très bien malgré cette épreuve difficile, commence Toussaint Alain. Et il m’a chargé d’un message pour vous."

"Alassane Ouattara ne sera jamais président"

Très vite, une première annonce fuse. "Alassane Ouattara ne sera jamais président. Il a échoué dans sa tentative de renversement des institutions de notre pays", déclare-t-il. Une phrase qu’il assènera à plusieurs reprises et de plusieurs manières. "C’est Laurent Gbagbo qui a le soutien populaire. Il est bien installé dans son fauteuil présidentiel, il n’en partira pas." Point de reddition donc. "Nous voulons discuter avec Alassane Ouattara pour ramener la paix dans le pays, c’est tout, explique-t-il. Mais nous n’avons pas l’intention de nous rendre."

Pour le bras droit du président sortant, l'important aujourd'hui est que Paris reste à l’écart du conflit ivoirien. "Je n’accepterai pas que la France participe à de futurs pourparlers. Nous resterons ouverts au dialogue mais sous l’égide de l’Union africaine", tranche-t-il, rejetant par la même occasion l’idée d’un dialogue avec l’ONU, que le camp Gbagbo souhaite voir quitter le pays.

Au fur et à mesure que les minutes passent, Toussaint Alain dresse le portrait d’un régime "en pleine forme". À l’évocation du blocus mis en place jeudi autour de la résidence du président sortant, c’est le déni qui fait office de réponse. "Il n’y a aucun blocus, lâche-t-il. Laurent Gbagbo peut circuler librement ainsi que son armée." Accusant tour à tour la Mission des Nations unies en Côte d'ivoire (Onuci) et le camp Ouattara de désinformation, la voix du camp Gbagbo entend "rétablir la vérité". Pas question non plus, donc, d’endosser la responsabilité des crimes commis ces derniers jours, que ce soit à Duékoué, dans l'Ouest, ou bien à Abidjan, la capitale économique.

"Le gouvernement français devrait avoir honte"

Selon Toussaint Alain, ces massacres ont été perpétrés par les FRCI pour discréditer "une fois de plus" Laurent Gbagbo. "J’entends que l’armée est responsable de la mort des quatre gardes japonais [tués jeudi à l’ambassade du Japon à Abidjan, NDLR], s’offusque-t-il. Apportez-moi une seule preuve de la culpabilité des soldats ivoiriens, personne ne peut. Tout le monde peut porter un treillis et se faire passer pour un soldat de l’armée régulière."

Quelques instants plus tard, Me Jacques Vergès, cigare à la main, prend la parole. Déployant ses talents d'orateur, l'avocat se lance dans une diatribe anti-Sarkozy. "Le président français a lancé un assaut barbare en Côte d’Ivoire, accuse-t-il en référence à l'intervention française lancée lundi via la force militaire Licorne. Une expédition coloniale aux relents nauséabonds. Ce gouvernement devrait avoir honte de ce qu’il fait." Les partisans de Laurent Gbagbo boivent du petit lait...

Le ton est assuré, les mots choisis avec précision. "L’invasion sera écrasée. Alain Juppé [ministre français des Affaires étrangères] a parlé d’une chute inéluctable de Gbagbo. Mais il peut rêver !" ricane-t-il. Et le célèbre avocat de conclure : "Clemenceau a dit : 'c’est le dernier quart d’heure qui compte'. Vous verrez, quand ce dernier quart d’heure arrivera, Laurent Gbagbo vaincra."