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Le chanteur Michel Martelly remporte l'élection haïtienne

Attendus depuis deux semaines, les résultats de l'élection présidentielle en Haïti ont donné vainqueur le chanteur populaire Michel Martelly avec 67,57 %. Cette annonce a été suivie de scènes de liesse dans les rues de Port-au-Prince.

REUTERS - Le chanteur populaire Michel Martelly a remporté l'élection présidentielle haïtienne avec 67,57% des voix, a annoncé lundi le conseil électoral provisoire.

Le second tour du scrutin, qui s'est déroulé le 20 mars, l'a opposé à l'ancienne première dame Mirlande Manigat, âgée de 70 ans. Il avait été marqué par une forte participation.

L'annonce du résultat, qui ne deviendra définitif qu'après l'examen d'éventuelles contestations, a été suivi de scènes de liesse dans les rues de Port-au-Prince.

"Nous allons oeuvrer pour tous les Haïtiens. Ensemble, nous pouvons y arriver", a déclaré le président élu sur son compte Twitter.

La longue attente de l'issue de ce second tour sans précédent dans l'histoire haïtienne a fait craindre une reprise des troubles. Le premier tour, le 28 novembre dernier, avait été
marqué par des accusations de fraude et des manifestations parfois émaillées de violences.

Agé de 50 ans, "Sweet Micky" est un musicien très connu, star de la Kompa qui mêle les rythmes afros et latinos. Parfois fantasque et provocateur sur scène, ce néophyte en politique a attiré des foules importantes à ses meetings, notamment parmi les jeunes.

Le futur chef de l'Etat est issu du parti Repons Peyizan, dont le message aux accents populistes et anti-establishment prône la justice sociale, ce qui a un grand retentissement dans la population, surtout après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.

"REJET DE LA CLASSE POLITIQUE"

Michel Martelly a dénoncé le coût de l'opération de maintien de la paix de l'Onu, affirmant que les Haïtiens devaient "mettre eux-mêmes de l'ordre dans leur maison".

Lié par le passé à des hommes politiques et des militaires locaux, il n'a toutefois pas ménagé l'équipe sortante du président René Préval.

"La victoire de Martelly traduit un rejet de la classe politique, aussi bien pour la majorité que pour l'opposition", a commenté Robert Fatton, professeur de sciences politiques à l'université de Virginie et spécialiste d'Haïti.

"Martelly a su saisir l'état d'esprit des électeurs en exploitant intelligemment son image de 'mauvais garçon' pour se présenter comme l'outsider ultime qui symbolise le changement", a-t-il ajouté.

Michel Martelly, issue de la moyenne bourgeoisie haïtienne, a suivi des études en Haïti et aux Etats-Unis. Parmi ses partisans figure la star du hip-hop Wyclef Jean, qui voulait lui
aussi se présenter à la présidentielle mais a été déclaré inéligible.

En tant que chef de l'Etat "Sweet Micky" aura la lourde tâche de reconstruire la capitale, dévastée par le séisme qui a fait 316.000 morts.

Organisé alors que le pays se remettait à peine du tremblement de la catastrophe, le premier tour de la présidentielle s'est déroulé dans la plus grande confusion.

Accusations de fraude et manifestations de rue ont suivi le scrutin. D'après les résultats préliminaires, le second tour devait opposer le candidat du pouvoir, Jude Célestin, à Mirlande Manigat, mais une mission d'experts de l'Organisation des Etats américains (OEA) a jugé que le premier devait être écarté au profit de Michel Martelly, initialement donné en troisième place avec 7.000 voix de retard.