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Alors qu'un nouveau séisme a été enregistré lundi au Japon, les autorités se résignent à devoir mener un long combat pour venir à bout de l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi, le plus grave depuis celui de Tchernobyl.
REUTERS - Les autorités japonaises semblaient lundi se résigner à un long combat pour contenir le plus dangereux accident nucléaire depuis Tchernobyl, la radioactivité élevée compliquant les efforts en cours à la centrale atomique de Fukushima-Daiichi.
De l'eau fortement radioactive a été découverte à l'extérieur du bâtiment du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Fukushima, a annoncé lundi un porte-parole de l'opérateur Tepco.
De "l'eau accumulée" dans "des puits de regard d'une tranchée souterraine débouchant à l'extérieur du bâtiment" affichait un niveau de radioactivité supérieur à 1000 millisieverts par heure.
Ces puits sont situés à une soixantaine de mètres de l'océan Pacifique et l'eau contaminée pourrait avoir ruisselé jusqu'au rivage, a-t-il précisé.
Les techniciens s'emploient à reprendre le contrôle des six réacteurs de cette centrale, dévastée par le séisme et le tsunami du 11 mars.
Un nouveau séisme, de magnitude 6,5, a été enregistré lundi dans la région. Dernière en date d'une longue série de répliques, cette secousse a conduit les autorités à déclencher
une alerte au tsunami, qui a été levée peu après. Aucun dégât n'a été signalé du fait de ce tremblement de terre.
Selon le dernier bilan en date, le séisme de magnitude 9 du 11 mars a fait 10.804 morts confirmés et 16.244 disparus. Deux cent cinquante mille personnes vivent toujours dans des centres d'hébergement. Les dégâts pourraient s'élever à 300 milliards de dollars, ce qui en fait la catastrophe naturelle la plus coûteuse au monde.
A Fukushima, la radioactivité a augmenté ces derniers jours. Les dernières mesures, effectuées dimanche, montraient qu'elle était 100.000 fois supérieure à la normale dans l'eau accumulée au réacteur n°2, et un niveau d'iode 131 1.850 fois supérieur à la normale a été relevé en mer au large de la centrale.
Il s'agit des niveaux les plus alarmants mesurés depuis le début de la catastrophe voici 17 jours.
"Je pense que peut-être, la situation est nettement plus grave que nous ne le pensions", a déclaré un expert, Najmedin Meshkati, de l'université de Californie Sud. Il faudra sans doute, selon lui, des semaines pour stabiliser la situation, et il sera peut-être nécessaire que l'Onu soit de la partie.
"Cela va bien au-delà de ce qu'un pays peut gérer - cela doit être évoqué par le Conseil de sécurité de l'Onu. A mon humble avis, c'est plus important que la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye", a-t-il estimé.
Iode radioactif dans la pluie du Massachusetts
La forte radioactivité mesurée dans l'eau qui a inondé le sous-sol d'un bâtiment abritant le réacteur n°2 semble due à la fonte de cartouches de combustible, a déclaré lundi le
secrétaire général et porte-parole du gouvernement japonais, Yukio Edano.
"La radioactivité semble due à des cartouches de combustible qui ont temporairement fondu et sont entrés en contact avec l'eau qui sert à refroidir le réacteur", a dit Edano.
Selon lui, l'eau contaminée provient de la condensation de vapeur et non pas d'une fissure dans le réacteur.
Sakae Muto, vice-président de la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco), exploitant de la centrale, a parlé lundi d'une opération incertaine et longue pour empêcher une surchauffe des barres de combustible et leur fonte.
"C'est regrettable, mais nous n'avons pas de calendrier concret nous permettant, actuellement, de dire dans combien de mois ou d'années (la crise sera terminée)", a-t-il dit.
La situation est considérée comme stabilisée dans deux des six réacteurs de Fukushima-Daiichi, mais elle demeure instable dans les quatre autres, d'où se dégage parfois de la vapeur ou de la fumée.
Bien que selon les experts la radioactivité dans les eaux du Pacifique va rapidement se diluer, le niveau enregistré sur le site est de toute évidence dangereux, et les 450 techniciens qui se relaient à la centrale forcent l'admiration des Japonais comme de la communauté internationale.
Bien au-delà de la zone d'évacuation en vigueur autour de la centrale accidentée, de la radioactivité a été mesurée ces derniers jours ici et là, comme par exemple dans l'eau courante à Tokyo. Dernière nouvelle en date sur ce front, de l'iode radioactif a été décelé dans de l'eau de pluie dans l'Etat du Massachusetts, sur la côte Est des Etats-Unis, mais les autorités sanitaires assurent que cela n'est en rien dangereux.