Dans la nuit de jeudi à vendredi, les principales banques centrales des pays du G7 ont décidé de voler au secours du yen. Même les États-Unis, d'habitude réticents devant les actions concertées, ont accepté de jouer le jeu.
Les principales banques centrales du monde ont décidé, à l’issue d’une réunion du G7, de voler au secours du yen. De façon inédite, la Banque de France, la Bundesbank en Allemagne, celle de Grande-Bretagne, la Reserve fédérale américaine se sont toutes mises à vendre leur réserve de monnaie japonaise. D’autres devraient encore leur emboîter le pas.
Conséquence, le yen - qui avait en début de semaine atteint un niveau record face aux dollars – a baissé de plus de 3% par rapport au billet vert et à l’euro. La Banque du Japon (BoJ) s’est réjouie, vendredi, de ce coup de pouce international qui lui permet de lutter contre la spéculation sur le yen.
Cette action concertée, moins médiatique que l’aide humanitaire, va aussi apporter un bol d’air à l’économie de l’archipel. "La flambée du yen allait sérieusement handicaper les exportations japonaises et risquaient de coûter très cher aux entreprises qui misent beaucoup sur leurs exportations", explique à FRANCE 24 Danielle Schweisguth, spécialiste de l’économie japonaise à l’OFCE.
Un sacrifice économique des pays du G7
Ce coup de pouce est aussi une surprise. Au mieux, les autorités japonaises s’attendaient à ce que le G7 donne son feu vert pour que la BoJ continue à inonder le marché de yen. Tokyo n’était jamais parvenue à convaincre ses partenaires économiques d'intervenir pour venir en aide à sa monnaie, même au lendemain du séisme de Kobé en 1995.
Une telle décision n’est en effet pas anodine pour les autres pays et surtout les États-Unis. C’est un véritable sacrifice économique consenti par les Américains et l’Europe. En aidant le Japon à faire baisser sa monnaie, la Réserve fédérale pénalise du même coup le dollar… et les exportations américaines. "C’est pour cela que les Etats-Unis n’ont jamais, jusqu’à présent, accepté qu’une action concertée soit menée pour déprécier une autre devise", rappelle Danielle Schweisguth.
Les deux précédents historiques, en 1985 et en 2000, visaient respectivement à faire monter le yen et le deutsche mark par rapport au dollar, et à arrêter la chute effrénée de l’euro, victime d’une forte spéculation peu de temps après son introduction.