Seiji Maehara, ministre japonais des Affaires étrangères fragilisé par un scandale de financement politique, a présenté sa démission dimanche. Une défection qui vient fragiliser un gouvernement déjà au plus bas dans les sondages.
AFP - Le ministre japonais des Affaires étrangères, Seiji Maehara, a annoncé dimanche sa démission, sur fond de scandale de financement politique, qui porte un coup dur au gouvernement de centre-gauche déjà au plus bas dans les sondages.
M. Maehara, qui à 48 ans est l'une des étoiles montantes du Parti Démocrate du Japon (PDJ), au pouvoir, a reconnu avoir reçu des dons de quelques centaines d'euros d'une Sud-Coréenne née et résidant au Japon, en contravention avec la loi qui interdit les contributions venant d'étrangers.
Ce politicien très télégénique, connu pour sa politique de fermeté à l'égard de la Chine et de la Corée du Nord, était donné comme l'un des favoris pour succéder à M. Kan, 64 ans, en cas de démission du chef du gouvernement, critiqué par l'opposition de droite, mais aussi dans son propre camp.
"Au cours des derniers jours, j'ai longuement réfléchi à la question concernant mes fonds politiques et j'ai décidé de démissionner du poste de ministre des Affaires étrangères", a dit M. Maehara lors d'une conférence de presse convoquée en urgence dans la soirée.
"Je présente mes excuses au peuple japonais pour ce départ qui intervient seulement après six mois et pour avoir suscité de la défiance en raison de ce problème de financement, bien que j'aie jusqu'ici mené une carrière politique propre".
Vendredi, M. Maehara avait reconnu avoir reçu environ 50.000 yens (450 euros) d'une Sud-Coréenne qui possède un restaurant à Kyoto, ville dont il est originaire. Il a affirmé ignorer que cette femme, qui le connaît depuis son enfance, versait de l'argent à son fonds de soutien.
De son côté, le Parti libéral-démocrate (PLD), fer de lance de l'opposition de droite, l'accuse d'avoir reçu au moins 200.000 yens (1.800 euros) en l'espace de quatre ans.
La loi n'autorise que les contributions venant d'entités ou de citoyens japonais afin d'éviter que la politique intérieure nippone ne soit influencée par des Etats étrangers.
Le Japon, qui a occupé la péninsule coréenne pendant la première moitié du 20ème siècle, accueille aujourd'hui près d'un million de Coréens, anciens travailleurs forcés et leurs descendants, dont une partie seulement a pris la nationalité japonaise.
Après l'arrivée au pouvoir du PDJ en septembre 2009, M. Maehara avait occupé le poste de ministre des Transports dans le gouvernement du Premier ministre Yukio Hatoyama. Il avait hérité du portefeuille des Affaires étrangères un an plus tard, en septembre 2010, dans le gouvernement formé par M. Kan, nommé après la démission de M. Hatoyama.
L'équipe au pouvoir au Japon traverse actuellement une très mauvaise passe et les rumeurs vont bon train sur un éventuel remplacement du Premier ministre ou bien même des élections législatives anticipées.
Le PDJ, qui ne contrôle plus le Sénat depuis l'été dernier, n'a pas non plus la majorité des deux tiers à la Chambre des députés qui lui permettrait de faire passer ses lois en force.
L'opposition fait bloc et veut contraindre le Premier ministre à dissoudre la Chambre basse pour convoquer des élections qu'elle se fait fort de remporter.
Une partie du PDJ, très critique à l'égard de M. Kan, préférerait l'autre scénario, consistant à désigner un nouveau Premier ministre, sans passer par les urnes.
Au Japon, le président du parti majoritaire à la Chambre basse est assuré d'être élu au poste suprême et les partis politiques, de droite comme de gauche, ne se sont pas privés de changer de président, et donc de Premier ministre, dès que les sondages plongeaient au-dessous de la barre des 20%, ce qui est actuellement le cas.
Le Japon a déjà connu cinq Premiers ministres en l'espace de cinq ans.