
977 immigrés clandestins en provenance de Tunisie ont débarqué dans la nuit de samedi à dimanche à Lampedusa, en Italie. Les autorités, qui ont proclamé l'état d'urgence humanitaire, ont mis en place un pont aérien pour leur rapatriement.
AFP - Un millier d'immigrants tunisiens sont arrivés illégalement dans la nuit de samedi à dimanche sur l'île italienne de Lampedusa, selon les garde-côtes italiens.
"Depuis minuit, 977 personnes sont arrivées à Lampedusa", a déclaré dimanche matin le commandant du port de Lampedusa Antonio Morana, alors que deux autres embarcations se rapprochaient de la petite île.
"La situation est difficile", a reconnu le commandant Morana, "les débarquements se poursuivent à un rythme incessant".
itLa mer calme et le beau temps favorisent ces départs même si la traversée n'est pas sans risque, en raison notamment du mauvais état des embarcations.
Samedi, douze personnes ont fait naufrage au large de Zarzis, faisant un mort et un disparu, selon l'agence tunisienne TAP.
Le gouvernement italien a demandé l'aide de ses voisins européens vendredi et proclamé samedi l'état d'urgence humanitaire, ce qui permet d'éviter certaines formalités légales, autorise à prendre des mesures immédiates et de mobiliser rapidement des moyens financiers.
"Mais cela ne suffit plus, nous devons mobiliser les pays de la Méditerranée qui ont des navires, des avions et des hélicoptères" pour contrôler la côte tunisienne, a jugé le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, dans une interview au Corriere della Sera de dimanche.
Les clandestins tunisiens recevront une assistance "mais ils ne peuvent pas rester sur le territoire italien", a souligné le chef de la diplomatie italienne, indiquant qu'ils seraient rapatriés.
En dépit d'un pont aérien mis en place par les autorités italiennes, ils restaient dimanche plus de 2.000 clandestins sur l'île, selon une estimation de la police, pratiquement tous Tunisiens.
En cinq jours, environ 5.000 immigrants, pour la plupart Tunisiens, ont débarqué à Lampedusa, selon des sources concordantes.
M. Frattini a préconisé le "modèle Albanie" pour résoudre le problème, rappelant que dans les années 90 il est arrivé jusqu'à 15.000 réfugiés albanais en une semaine en Italie.
"Nous avons résolu la crise en envoyant patrouiller nos navires dans les eaux albanaises. Le gouvernement de Tirana avait accepté notre aide et cela mis fin à la migration. Quand les trafiquants de clandestins voient des navires militaires à deux kilomètres de la côte, ils ne font pas partir leurs embarcations", a-t-il dit.
M. Frattini s'attend à ce que l'UE prenne rapidement une décision définitive, d'ici une dizaine de jours, sur le déploiement d'une mission Frontex pour patrouiller au large de la Tunisie.
Selon le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, l'un des problèmes vient du fait que l'accord bilatéral avec la Tunisie sur l'immigration illégale n'est plus appliqué depuis la transition politique ouverte par la chute du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier.
Selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), "certains fuient la pauvreté et les grèves", "certains ont demandé l'asile politique, d'autres disent qu'ils veulent juste attendre et voir ce qui se passera en Tunisie".