, envoyé spécial en Algérie – Saïd Saadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le parti d'opposition algérien laïque berbérisant, lance un appel à manifester. Il espère que son peuple connaîtra le même sort que ceux d'Égypte et de Tunisie.
FRANCE 24 : Dans quelles conditions va se dérouler la manifestation ?
Saïd Saadi : Le ministre de l’Intérieur a annoncé que 29 000 policiers seraient déployés à Alger et 5 000 à l’extérieur de la ville. Les accès à la capitale sont fermés. Les trains sont à l’arrêt, les cités universitaires quasiment encerclées. Ce n’est pas une opération de maintien de l’ordre, mais une opération de guerre. Le pouvoir algérien panique. Il est frappé d’aveuglement et ne veut pas voir la réalité en face. Il cherche à suspendre le cours de l’histoire et préfère avoir des émeutes plutôt qu’une manifestation organisée et sécurisée. Mais le système algérien est condamné par l’Histoire.
FRANCE 24 : Que vous inspire le départ du président Hosni Moubarak ?
Saïd Saadi : Nous ressentons un immense sentiment de joie pour le peuple égyptien. Cela confirme l’idée que la démocratie fera irruption dans le monde arabe grâce aux peuples et non grâce à leurs dirigeants. Ce qu’il s’est passé en Tunisie et en Égypte résonne dans le cœur des Algériens. Maintenant, ils nous reste à voir si la transition démocratique algérienne se fera en douceur ou dans un bain de sang.
FRANCE 24 : Que s’est-il passé en Algérie quand vos militants ont appris le départ d’Hosni Moubarak ?
Saïd Saadi : Ils sont sortis pour exprimer leur joie. Les policiers sont d'abord restés calmes, mais lorsqu’ils ont vu des jeunes des quartiers limitrophes se diriger en masse vers le siège de notre parti, ils ont paniqué et commencé à charger lourdement les manifestants. Ils ont blessé six personnes dont deux se trouvent toujours à l’hôpital Mustapha Bacha. Quant aux dix militants arrêtés, ils ont tous été libérés.