L'Égypte vit une nouvelle journée de manifestations contre le régime de Moubarak, ce jeudi. Mercredi, de violents affrontements entre policiers et manifestants ont eu lieu au Caire et à Suez. Depuis mardi, un millier de personnes ont été arrêtées.
L'opposant égyptien Mohamed ElBaradei, l'un des principaux soutiens du mouvement antigouvernemental et ancien directeur général de l'AIEA, devrait revenir au Caire dans la soirée de jeudi soir pour participer aux manifestations prévues vendredi.
Il réclame le départ du président Hosni Moibarak, au pouvoir depuis près de
trente ans.
Il a toutefois précisé qu'il n'entendait pas prendre la tête des manifestations mais jouer un rôle en faveur du changement politique dans son pays.
Malgré les avertissements des autorités, les manifestations se poursuivent pour la troisième journée consécutive dans plusieurs villes d'Égypte. Au Caire, les manifestants jouent au chat et à la souris avec les forces de l’ordre. À Ismaïliya, sur le canal de Suez, des témoins ont rapporté des heurts entre protestataires et policiers.
À Suez, à l’est de la capitale, un poste de police a par ailleurs été incendié pour protester contre la mort d'au moins trois d'entre eux en ville. Ils réclament également la libération des opposants arrêtés pendant les troubles.
"Le mouvement est essentiellement composé de citoyens, de jeunes, de femmes, de personnes âgées exaspérées, témoigne Ygal Saadoun, envoyé spécial de FRANCE 24 dans la capitale égyptienne. Mais une grande partie de la population n’a pas pris part à cette mobilisation car elle doit travailler. Il ne faut pas oublier qu'elle est très pauvre."
Fer de lance de la contestation, le mouvement du 6-Avril, un groupe de militants pro-démocratie, appelle à poursuivre la mobilisation vendredi, malgré le déploiement d'un important dispositif policier.
"Descendez dans la rue, venez avec nous sur le terrain de la libération", "On ne va pas changer notre pays seulement avec Internet, il faut descendre dans la rue !", peut-on lire en arabe sur la page Facebook du mouvement, qui compte plus de 80 000 fans. À l'instar de Twitter, le célèbre site de réseau social a permis - comme en Tunisie - de mobiliser de nombreux mécontents.
Au moins 1000 personnes arrêtées en trois jours
Mercredi soir, les opposants au régime de Moubarak - au pouvoir depuis 30 ans - ont affronté la police jusque tard dans la nuit dans les rues du Caire, d’Alexandrie, d’Assouan et de Suez.
Dans la capitale, des dizaines de groupes qui tentaient d’accéder au centre-ville, complètement barricadé, ont été dispersés par des forces de police déployées en grand nombre. "La nature des rassemblements a surpris les forces de l’ordre : ce sont des rassemblements improvisés de 50 à 300personnes qui sont très difficiles à contrôler", explique le journaliste.
"Les échanges ont été très violents. Les forces de l’ordre ont répliqué avecdes tirs de balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes", relatait mercredi Marion Touboul, correspondante de FRANCE 24 au Caire.
Au moins 1 000 personnes auraient été arrêtées depuis mardi, selon les services de sécurité, dont 500 pour la seule journée de mercredi. Parmi elles, figurent environ 90 personnes interpellées dans le secteur de la place Tahrir, dans le centre du Caire, et 121 membres de l'organisation islamiste des Frères musulmans, officiellement interdite mais tolérée dans les faits, interpellés à Assiout, au sud de la capitale égyptienne.
Ces manifestations sont inédites depuis les soulèvements de 1977, provoqués par la hausse du prix du pain.
"Dans le cas de l’Égypte ou de la Tunisie, il y a une montée en puissance de la contestation. Partout, il y a un étouffement politique lié à cette absence de liberté, à cette absence de dignité en termes de traitement des citoyens égyptiens", explique à FRANCE 24 Hichem Ben Yaïche, rédacteur en chef du magazine "New African".
Hosni Moubarak, 82 ans, est au pouvoir depuis 1981. Une élection présidentielle est prévue en septembre, mais le chef de l'État n'a toujours pas fait part publiquement de son intention de briguer un nouveau mandat. Son fils Gamal, 47 ans, est annoncé comme un possible successeur du "raïs".
it