
De plus en plus de femmes arbitres font leur apparition dans des matchs de football masculins en Europe. Mais le plus souvent en tant qu'assistantes et aucune n'officie encore dans le rond du terrain. Explications.
Le football est-il un monde de machos ? Lors de la 24e journée de Premier League entre Wolverhampton et Liverpool, Andy Gray, ex-joueur écossais et figure de la chaîne Sky Sport depuis 20 ans, a été licencié pour avoir tenu des propos sexistes envers Sian Massey, l'arbitre assistante de la rencontre.
La Fédération anglaise de football (FA) a soutenu l'arbitre et a publié un communiqué dans lequel elle encourage la présence de femmes dans le football anglais. "Plus de 853 femmes sont représentées à tous les niveaux de l’arbitrage en Angleterre et toutes sont d’excellentes ambassadrices pour ce sport. Nous continuerons de les soutenir de tout cœur," peut-on lire. Pourtant encore aujourd’hui, seuls quelques postes d’arbitres assistants sont occupés par des femmes en Premier League (première division) et aucune n’a encore arbitré une rencontre. Doit-on y voir encore un réflexe machiste ?
"Non," répond Sébastien Duret, rédacteur en chef du site Footoféminin.fr. "Ce sont d’abord les tests physiques qui empêchent les femmes d’accéder à la Ligue 1. La Fédération française (FFF) et la Fifa demandent aux hommes et aux femmes de remplir les mêmes critères de sélection, qui sont déjà difficiles pour les hommes. L’endurance et l’explosivité sont testées mais c’est surtout sur les courtes distances que les femmes ont du mal à rivaliser. En Allemagne, et plus généralement dans les pays du Nord, il n’est pas rare de voir des femmes arbitrer des rencontres de deuxième division car elles sont plus nombreuses à vouloir devenir arbitres."
"Même compétences que les hommes"
Ce n’est donc pas par hasard si c’est la Suissesse Nicole Pétigniat qui fut une pionnière dans le corps arbitral féminin. En 2003, elle est devenue la première femme à arbitrer une rencontre masculine dans le cadre du tour préliminaire de la Coupe d’Europe entre AIK Stockholm et Fylkir (Islande).
En France, lors du match entre Rodez et Créteil (1-1) en octobre 2010, Séverine Zinck est devenue la première Française à arbitrer une rencontre de football en National (3e division). Avant elle, en octobre 2008, Sabine Bonnin, arbitre de CFA (quatrième division), était devenue la première femme à diriger une rencontre de Ligue 2, lors d’un Angers-Tours (2-0). Mais ce n’est que par accident qu’elle fut désignée arbitre de la rencontre : en tant que quatrième arbitre elle avait remplacé son collègue qui s'était blessé au cours de la partie…
"Plusieurs femmes arbitres évoluent déjà en France en CFA ou CFA 2 (4e et 5e division) et leurs compétences ne sont pas plus engagées que chez leurs collègues hommes," précise Sébastien Duret qui répond ainsi aux propos d’Andy Gray.