Considérée comme "la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire du Brésil", les pluies torrentielles s'abattant sur Rio ont provoqué la mort d'au moins 500 personnes. Les précipitations pourraient se poursuivre quelques jours encore.
AFP - Le chaos régnait vendredi dans la ville de Nova Friburgo, dans la région montagneuse près de Rio dévastée par des pluies qui ont entraîné la mort de plus de 500 personnes, une des pires tragédies que le Brésil ait connues.
Les sauveteurs tentaient vendredi d'atteindre des villages isolés dans la montagne et, au fur et à mesure de leur progression, le bilan s'alourdissait : à la mi-journée, il s'établissait à 520 morts, ont déclaré les pompiers et les mairies des villes touchées.
itSelon ce comptage, les inondations et glissements de terrain, qui ont frappé dans la nuit de mardi à mercredi cette région située à une centaine de kilomètres au nord de Rio, ont fait 232 morts à Novo Friburgo, 228 à Teresopolis, 39 à Petropolis et 21 dans deux autres localités.
"C'est le chaos. Il y a eu un mouvement de panique dans le centre-ville, les gens couraient partout, les voitures faisaient marche arrière, quand s'est répandu le bruit qu'un barrage avait cédé. Mais ce n'était qu'une rumeur", a raconté un photographe de l'AFP parvenu à Nova Friburgo.
Les habitants tentaient désespérément de fuir cette cité envahie par la boue qui fut à l'épicentre du désastre, selon un autre journaliste de l'AFP.
Une femme jetait en hâte des bagages dans sa voiture. Marise Ventura, 54 ans, a expliqué qu'elle et les autres habitants n'avaient pas d'autre choix que de quitter la ville.
"Je pars parce qu'il n'y a plus d'électricité nulle part, pas d'eau ni de nourriture... Je vais donc chez un parent", a-t-elle dit à l'AFP.
Beaucoup d'autres étaient dans l'impossibilité de faire de même en raison d'une quasi pénurie d'essence.
Il pleuvait encore vendredi sur cette région meurtrie, havre préféré depuis des décennies des habitants de Rio en quête de fraîcheur, loin de la chaleur étouffante de la côte.
Il va continuer à pleuvoir au moins jusqu'à mercredi, a prédit un responsable de la météo brésilienne.
"On prévoit une pluie faible mais continue, ce qui favorise de nouveaux glissements de terrain", a dit à l'AFP le directeur du Centre de prévisions de l'Institut national de la météorologie brésilienne, Luiz Cavalcanti.
La presse brésilienne a accusé vendredi les autorités d'avoir failli à alerter à temps la population des risques de fortes intempéries.
Mardi, plusieurs heures avant le violent orage qui a semé la dévastation et la mort, l'Institut national de météorologie (Inmet) a bien envoyé un avis d'alerte de "pluies modérées à fortes" à la Défense civile qui l'a retransmis aux mairies concernées. Mais le message s'est perdu, a affirmé le quotidien O Globo.
La formation d'une grande tempête a également été détectée par le nouveau radar de la mairie de Rio installé en décembre, mais les données fournies par ce nouvel équipement n'ont été ni analysées ni retransmises, par manque de spécialistes.
La plupart des personnes qui ont péri ont ainsi été surprises dans leur sommeil par des torrents de boue qui ont tout emporté sur leur passage, arbres, maisons, voitures.
"C'est totalement bouleversant, j'ai vu des scènes très choquantes", a déclaré la présidente Dilma Rousseff, après s'être rendue sur place jeudi.
Son gouvernement, qui a pris ses fonctions début janvier et dont c'est le premier grand test, a débloqué près de 470 millions de dollars d'aides pour les sinistrés et sept tonnes de matériel médical.
Selon les médias brésiliens, la tragédie dépasse en importance la catastrophe de Caraguatatuba, du nom d'une ville du littoral septentrional de Sao Paulo ensevelie sous la boue en 1967, qui avait fait 436 morts.