
Organisé par Unifrance, le premier web-festival de cinéma au monde (14-29 janvier) entend toucher les cinéphiles du monde entier susceptibles de se passionner pour le 7e art à la française. Une entreprise utopique mais qui a déjà ses adeptes.
My French Film Festival ? Un pari sur la cinéphilie en ligne. Un web festival de 15 jours (du 14 au 29 janvier) qui table sur le fait que des milliers d’internautes voudront bien débourser 1,99 euro pour voir un film français, choisi parmi 10 longs métrages traduits en dix langues. Après visionnage, ces jurés de la Toile seront invités à voter pour leur œuvre préférée et à laisser leurs commentaires en ligne.
L’initiative de cette aventure revient à Unifrance, organisme chargé de la promotion du cinéma français à l’étranger. L'institution reprend une vieille habitude, celle de diffuser régulièrement des films hexagonaux dans le monde entier via les nombreuses alliances dont la France dispose dans les capitales étrangères.
"On s’est rendu compte que le public des alliances françaises vieillissait et que nous devions toucher les jeunes qui regardent les films sur Internet, explique Régine Hatchondo, directrice générale d’Unifrance. Nous voulons ainsi créer une communauté d’amateurs de films français dans le monde. Nous pourrons les prévenir quand nous organisons des événements comme, par exemple, la présence de cinéastes dans les universités."
Jeunes cinéastes français en promotion
Le choix des 10 films avec lesquels Unifrance entend établir le contact avec les internautes cinéphiles reste toutefois surprenant. Pas de nouveauté en avant-première, mais des long-métrages qui ont disparu depuis longtemps des grands écrans français : "Bus Palladium", de Christopher Thompson, "Le Bal des actrices", de Maïwenn Le Besco, ou encore "Adieu Gary", de Nassim Amaouche...
"Ces films sont tous des premiers ou des seconds longs métrages venant de réalisateurs encore jeunes, justifie Régine Hatchondo. Personne ne les a vus en dehors des salles françaises. Ces films n’ont pas été vendus à l’étranger. Et puis, il y a les 10 courts métrages que très peu de personnes dans le monde ont encore eu l’occasion de voir et qui ont un réel intérêt pour les cinéphiles."
Autre sujet d’étonnement : le prix du billet qui varie en fonction du pays. Il sera plus cher de voir un long métrage en résidant en France (3,99 euros) qu’en vivant à l’étranger (1,99 euros). "Notre partenaire, Universciné, pratique ces prix en France. On ne pouvait pas baisser les prix rien que pour le festival…" Ce sera même légèrement moins cher en Corée du Sud. En Russie ainsi que dans toute l’Amérique du Sud, l’accès aux films sera carrément gratuit. "Grâce à des partenariats privés dans ces pays, on est capable de payer les ayants-droits et de proposer les films gratuitement, explique Régine Hatchondo. Nous savons que les pays latino-américains ont l’habitude de voir des films piratés et de ne pas payer…"
C’est tout le problème : les habitudes nées de l’avènement du streaming sont maintenant bien ancrées, et pas seulement en Amérique latine ou en Russie. Mais Unifrance s’inscrit dans la stratégie du ministère français de la Culture, celle d’être présent sur le Web avec une offre payante, coûte que coûte.
"Un festival qui se crée sur la longueur"
Le buzz autour de cette initiative commence à faire quelques émules, sur Facebook et sur Twitter. Il faut dire que la communication autour du festival a été lancée tardivement - la vidéo de promotion a été postée il y a seulement une semaine.
Unifrance a-t-elle des objectifs chiffrés sur le nombre idéal de festivaliers-internautes ? "Dans l’équipe, il y a les pessimistes et les optimistes, avoue Régine Hatchondo. Mais nous savons que c’est un festival qui se crée sur la longueur", comprenez : pas la première année.
"Pour l’instant, nous avons 4 500 inscrits, venant de 93 pays différents." En grande majorité des Français, mais aussi des Brésiliens et des Nord-Américains. Là encore, le festival fait face à un paradoxe, puisque l’objectif premier est de faire connaître les films français à l’étranger.
Quelques cinéphiles à l’étranger donnent cependant tort aux pessimistes. Une artiste vivant à Berlin trouve "l’idée de participer à un festival, et surtout de pouvoir voter, est très enthousiasmante". Un amateur de films à Barcelone, Miki Avila, promet qu’il "verra tous les films. Ce sont des longs métrages qui ont eu une très bonne critique et qu’on n’a pas vus en Espagne. Ce festival est une première au monde, et je connais pas mal de personnes autour de moi qui regarderont cela de près." De quoi redonner le moral aux équipes d’Unifrance.
Un Prix des internautes, un Prix des blogueurs étrangers et un Prix de la presse internationale, seront décernés à la fin du festival, le 29 janvier. Les longs métrages primés seront diffusés à bord de tous les avions Air France à partir du 1er avril 2011 pour une durée de six à neuf mois.