Selon le président Nicolas Sarkozy, l'armée nigérienne poursuit actuellement les ravisseurs des deux Français enlevés vendredi à Niamey. Interceptés une première fois la nuit dernière, les preneurs d'otages étaient parvenus à prendre la fuite.
Les ravisseurs des deux Français enlevés vendredi soir à Niamey, la capitale nigérienne, ont été localisés près du Mali. Les preneurs d'otages ont été interceptés la nuit dernière par l’armée nigérienne mais ont réussi à prendre la fuite, selon le porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Dah.
Des échanges de tirs ont eu lieu, mais les forces nigériennes "n'ont pas voulu ouvrir le feu sérieusement de crainte de blesser les otages et de mettre leur vie en danger, raison pour laquelle les ravisseurs ont pu passer à travers les mailles du filet", a poursuivi le porte-parole, qui s’exprimait devant la presse samedi.
Cependant, pour le gouvernement, les ravisseurs "sont encore en territoire nigérien" et assure "avoir leur position". Les principaux axes vers la frontière malienne ont été bouclés, selon un responsable militaire interrogé par l’AFP.
"Opération en cours"
De Schoelcher, en Martinique, où il effectue une visite présidentielle, Nicolas Sarkozy a confirmé le rapt des deux Français à Niamey. "À la minute où je vous parle, il semble, je suis prudent, que la garde nationale nigérienne poursuive les terroristes dans leur progression vers le Mali", a indiqué le président français. Cette opération est en cours et chacun comprendra que pour des raisons de sécurité, je ne puisse donner plus d'information, je n'en ai d'ailleurs pas davantage même si je suis minute par minute le déroulement de cette dramatique affaire."
"Les premières 24 heures sont cruciales pour sauver tout otage, rappelle Mathieu Guidère, professeur de veille stratégique à l’Université de Genève, interrogé par FRANCE 24. C’est entre le moment où ils sont enlevés et le moment où ils passent d’un groupe à un autre qu’on peut faire quelque chose. Une fois qu’ils ont changé de main, c’est beaucoup plus difficile."
Témoignage
Un "comité de crise", piloté par le ministre nigérien de l’Intérieur, Ousmane Cissé, s’est réuni cette nuit. Selon une source aéroportuaire nigérienne, un avion de reconnaissance français a décollé de Niamey dans la nuit de vendredi à samedi.
L’un des deux hommes devait se marier ce samedi
Vendredi soir, les deux hommes dînaient dans un restaurant de la capitale nigérienne. "Ce sont deux amis, l’un devait se marier aujourd’hui avec une Nigérienne. Le deuxième homme était venu à Niamey pour assister à la cérémonie", croit savoir Moussa Kaka, correspondant pour RFI au Niger. Selon l’AFP, celui qui devait se marier travaillerait pour une ONG dont le siège est à Niamey et serait un client régulier du restaurant. Des hommes armés les ont contraints de quitter les lieux à bord d'un 4x4 immatriculé au Bénin. D'autres hommes armés les attendaient dans le véhicule, rapporte un membre du personnel du restaurant.
Les regards se tournent vers la mouvance Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui retient déjà cinq Français, un Togolais et un Malgache - tous salariés d’Areva - kidnappés en septembre 2010, à Arlit, dans le nord du Niger. Parmi les indices qui mettent sur la piste d’Aqmi ou, du moins, qui font penser qu’il s’agit probablement d’un groupe lié à Al-Qaïda, Mathieu Guidère note "le mode opératoire : il s’agit d’une opération commando préparée ; le lieu : on a visé de nouveau le Niger et des personnes blanches ; enfin les ravisseurs : ils sont des arabophones et ne sont pas du Niger".
Si la responsabilité d’Aqmi se confirme, quelle serait la finalité de cette opération ? Pour Mathieu Guidère, qui a suivi les débats consécutifs à l’enlèvement des Français à Arlit, "les militants djihadistes et d’Aqmi ont considéré qu’il s’agissait d’une opération réussie, sauf sur un point : le fait d’avoir pris deux Africains n’était pas une bonne affaire. Il fallait prendre sept Français pour venger la mort de sept combattants d’Aqmi. S’il se confirme qu’il s’agit bien d’un groupe affilié à Al-Qaïda, il est fort à craindre qu’ils ne soient revenus pour prendre deux Français supplémentaires et atteindre le nombre symbolique de sept otages."
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