Trois candidats s'affrontent pour prendre la présidence tournante de l'archipel. Le scrutin débouchera sur une grand première depuis l'indépendance du pays, en 1975 : l'élection d'un ressortissant de l'île de Mohéli.
Les Comores tiennent ce dimanche un second tour d'élection présidentielle destiné à redonner un peu de stabilité à cet archipel pauvre de l'océan Indien, et pour lequel le candidat du pouvoir en place part favori.
Le vice-président comorien sortant, Ikililou Dhoinine, est en effet arrivé en tête du premier tour organisé le 7 novembre.
M. Dhoinine sera opposé dimanche à deux candidats de l’opposition, Mohamed Said Fazul, ancien chef de l’exécutif de Mohéli, une des trois îles de l'archipel des Comores, et Abdou Djabir repêché de justesse pour participer au second tour après l’élimination par la Cour constitutionnelle d'un candidat qui l'avait devancé au premier tour, Bianrifi Tarmidi.
L'ensemble des 384.358 électeurs comoriens sont appelés à départager les trois hommes. Le premier tour avait eu la particularité de se dérouler sur la seule île de Mohéli, où 21.429 électeurs devaient choisir entre dix candidats tous issus de ce territoire d'à peine 290 km2, en vertu d'un système de présidence tournante instauré par la Constitution de 2001 entre Mohéli et les autres îles de Grande Comore et Anjouan.
Quel que soit le résultat du second tour dimanche, ce sera la première fois depuis l'indépendance en 1975 des Comores (700.000 habitants) qu'un ressortissant de Mohéli en prendra la tête.
Un des principaux enjeux du scrutin est de parachever le processus de réconciliation nationale engagé depuis 2001, sous l'égide de l'Union africaine, à la suite de la crise séparatiste de l’île d’Anjouan en août 1997.
Le scrutin doit aussi mettre un terme à une crise politique née de la prolongation controversée du mandat du président sortant Ahmed Abdallah Sambi au-delà du 26 mai dernier, une mesure vivement contestée par l'opposition et la population de Mohéli.
Ne pouvant se représenter, M. Sambi a choisi pour lui succéder son vice-président, un choix motivé, dit-il, par le souci "de voir à la tête de l’Etat un homme capable de poursuivre l’oeuvre engagée (...), un homme intègre, un patriote, peu porté sur les malversations financières".
L'opposition (quelque 25 partis alliés aux exécutifs régionaux de la Grande-Comore et de Mohéli) s'était pour sa part fortement mobilisée au sein de la coordination "Convergence mai 2010" pour empêcher toute prolongation du mandat présidentiel. Malgré une certaine désaffection dans ses rangs, son objectif demeure de "faire partir Sambi et son pouvoir", comme le martelait récemment un de ses tenors, Ali Houmed Msaidié, lors d’un rassemblement des partisans du candidat Fazul à Moroni.
La présidentielle est couplée avec l’élection des gouverneurs des îles, avec à chaque fois un candidat du pouvoir et un candidat de l’opposition en lice, à l’exception d’Anjouan, où les deux prétendants appartiennent au camp présidentiel.
Le coût de ce double scrutin avoisine les 4 millions d’euros, couvert pour moitié par le gouvernement comorien, et pour moitié par les bailleurs de fonds internationaux.
La date de l’investiture du futur président n’est pas fixée: un accord conclu le 16 juin pour en finir avec la crise née de la volonté du président Sambi de prolonger son mandat laisse au président élu dimanche et au chef de l'Etat sortant le soin de fixer la date de la passation, qui doit cependant se faire d'ici le 26 mai 2011.