logo

La Banque centrale européenne au chevet d'une zone euro fragilisée

A l’issue d’une réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne particulièrement attendue jeudi, son président Jean-Claude Trichet devrait annoncer comment il compte ramener la confiance des marchés au sein de la zone euro.

A situation exceptionnelle, solutions exceptionnelles ? Les marchés financiers européens attendent avec impatience les conclusions de la réunion de jeudi du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE). Ils ont même anticipé une action forte de son président Jean-Claude Trichet, puisque mercredi l’euro regagnait 1% de sa valeur par rapport au dollar. Mais quelles sont exactement les leviers dont dispose la BCE ?

Assurer les liquidités des banques. Pour l’instant, la BCE prête sans vraiment se poser de questions aux banques à des taux très avantageux. L’opération vise à rassurer les marchés et même les populations sur la solidité du système bancaire européen. Théoriquement, cette ouverture des vannes du crédit - surtout à court terme (de 1 à 3 mois) - aurait dû s’achever à la fin de l’année. Entre-temps, la crise irlandaise a démontré que les banques n’étaient pas toutes solides - loin de là. Les marchés s’attendent donc à ce que Jean-Claude Trichet continue de prêter sans (trop) compter.

Racheter des obligations souveraines de la zone euro. C’est l’artillerie lourde. Certains l’espèrent, d’autres la craignent. La BCE peut en effet racheter, plus ou moins massivement, la dette des pays en situation fragile. Ce moyen permettrait de contrebalancer les effets de la spéculation, en assurant que les bonds émis par certains États trouvent bel et bien preneur. Mercredi, Jean-Claude Trichet n’a pas exclu d’avoir recours à ce mécanisme. Ce ne serait d'ailleurs pas la première fois puisqu’en mai, pendant quelques semaines, la BCE avait ainsi dépensé 67 milliards d’euros. Reste que l’Allemagne s’y oppose fermement. Le président de la Bundesbank (Banque centrale allemande), Axel Weber, estime que cette option revient à laisser croire aux États qu’ils peuvent dépenser sans compter. Et si la dette explose ? La BCE intervient.

Augmenter le Fonds européen de stabilité financière. Mis en place après la crise grecque, ce fonds est doté de 750 milliards d’euros. Il sert à venir en aide aux États qui ne s’en sortent  plus financièrement seuls - comme l’Irlande récemment. Certains doutent qu’il soit suffisant si des grosses économies comme l’Espagne ou l’Italie devaient être sauvées à leur tour. C’est d’autant plus vrai qu’un pays qui demande à bénéficier de l’argent de ce fonds ne peut plus contribuer au pot commun. Ainsi, il faut déjà retrancher les 19 milliards qu’avaient promis la Grèce et l’Irlande. Si le Portugal et l’Espagne étaient à leur tour emportés par la crise de la zone euro, il faudrait encore ôter 63,4 milliards. Seul problème : en augmentant l’argent disponible dans le fonds, la BCE admet que d’autres pays pourraient en avoir besoin. Jusqu’à présent, Jean-Claude Trichet a toujours assuré que le Portugal et l’Espagne n'étaient pas prêts de suivre la voie irlandaise.

Créer des obligations européennes. Le Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker, qui préside la réunion d’aujourd’hui à la BCE, soutient la création de titres européens. Une bonne idée pour les économies les plus fragiles. En effet, elles pourraient ainsi emprunter de l’argent sur les marchés avec un taux d’intérêt plus faible que si elles avaient recours à leurs propres obligations. Un investisseur aurait en effet plus confiance en un titre s’il était "européen" que portugais, par exemple. Une solution qui donnerait aussi l’image d’une zone euro davantage soudée. Pas sûr, en revanche, que cette solidarité plaise beaucoup aux économies les plus fortes, comme l’Allemagne. Pour ces pays, ces bons reviendraient, au contraire, à une augmentation du taux d’intérêt…