logo

Ce que les cinq médias choisis par WikiLeaks retiennent des documents

WikiLeaks a adressé, en avant première, un peu plus de 250 000 mémos diplomatiques classés à cinq quotidiens. Chacun de ces médias a choisi de mettre l’accent sur des sujets différents. Point commun de leur sélection, l’Iran.

Comment faire le tri quand on reçoit plus de 250 000 documents diplomatiques et, le cas échéant, que doit-on mettre en avant ? C’est le défi qu’ont dû relever les cinq journaux choisis par Wikileaks pour diffuser ces télégrammes. Depuis plusieurs semaines, Le Monde (France), El Pais (Espagne), le New York Times (Etats-Unis), le Spiegel (Allemagne) et le Guardian (Royaume-Uni) épluchent cette masse inédite d’informations. Leurs premières publications diffusées dimanche révèlent des priorités différentes selon les médias même si certaines informations ont été retenues par tous.

Sans exception, les cinq journaux se sont penchés sur le cas de l’Iran et de ses relations diplomatiques. Ainsi, le quotidien français Le Monde a choisi de publier une série de documents montrant la pression exercée par Israël sur l’administration américaine afin que cette dernière adopte une politique plus ferme envers le régime iranien. Le quotidien français cite un document de 2007 où le chef du Mossad tente de convaincre le sous-secrétaire d'Etat américain Nicholas Burns de l’efficacité de sanctions pour faire pression sur l’Iran.

Le New York Times met quant à lui en exergue l’un des documents qui affirme que Téhéran aurait reçu de la Corée du Nord 119 missiles capables d’atteindre la plupart des capitales occidentales. Le Guardian souligne, de son côté, que les pays arabes alliés aux Etats-Unis, comme l’Arabie saoudite, ont demandé à plusieurs reprises à Washington d’attaquer l’Iran.

Le Spiegel allemand relate également cette coalition entre des pays arabes et les Etats-Unis. Il cite notamment le général David Petraus, actuellement chef des forces coalisées en Afghanistan, jugeant que le gouvernement iranien "est le meilleur instrument de recrutement des Etats-Unis" auprès des populations des pays arabes. El Pais a choisi, enfin, de souligner que les Iraniens auraient utilisés les opérations du Croissant rouge (équivalent musulman de la Croix rouge) pour envoyer des agents secrets en Libye et en Irak.

Des diplomates américains présentés comme de véritables espions

Les cinq journaux s’amusent également des portraits peu flatteurs que les diplomates américains dressent des principaux dirigeants du monde. Le Président français Nicolas Sarkozy est décrit comme "susceptible et autoritaire", tandis que son homologue italien Silvio Berlusconi est jugé "inefficace et incapable". Tous révèlent que le leader libyen Mouammar Khadafi est un hypocondriaque qui ne sait voyager sans une infirmière ukrainienne "à la poitrine imposante".

Pourtant, toutes les informations n’ont pas été traitées de la même façon. Le Monde  s’intéresse particulièrement à la manière dont Washington utilise son personnel diplomatique à des fins de renseignement. Les mémos consultés par Le Monde montrent ainsi une certaine fascination de Washington pour les données biométriques telles que "les empreintes digitales, photographies faciales, ADN et scanners de l'iris".

Cette forme d’espionnage "diplomatique" intéresse aussi le New York Times, qui ne manque pas de se pencher sur le cas de la Chine. Le quotidien présente un document diplomatique suggérant que l’attaque informatique dont a été victime Google en janvier dernier aurait bien été orchestrée par le bureau politique du Parti communiste chinois.

Des approches en partie dictées par des problématiques nationales

Le Guardian adopte une approche beaucoup plus "britanno-centrée", racontant comment un diplomate britannique avait expliqué à ses homologues américains la meilleure manière de discuter avec les Iraniens. Une savoureuse recette de conseils pour ne pas froisser les susceptibilités des envoyés de Téhéran, comme par exemple être "le plus clair possible et ne pas faire dans la subtilité" et surtout ne "jamais perdre son sang-froid car Téhéran s’y attend".

La Turquie intéresse, de son côté, beaucoup le Spiegel. Le journal allemand relève qu’un grand nombre de mémos envoyés d’Ankara par les diplomates américains s’inquiètent des tendances "islamistes" du Premier ministre turque Recep Tayyip Erdogan, qualifié dans ces télégrammes "d’ignorant". Selon le Spiegel, les Etats-Unis s’inquiètent tout particulièrement de l’influence du ministre des Affaires étrangères turc sur le Premier ministre.

Quoi qu'il en soit, tous ces journaux promettent continuer dans l'exploration de ces documents et de publier, dans les jours à venir, de nouvelles révélations issues de ces mémos réunis par WikiLeaks.