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Le Conseil électoral passe outre les demandes d'annulation et valide le scrutin

Le Conseil électoral provisoire a validé dans la majorité du pays l'élection présidentielle haïtienne dont le premier tour a eu lieu dimanche, en dépit des accusations de fraudes. 12 des 18 candidats ont réclamé son annulation.

AFP - Les élections présidentielle et législatives en Haïti ont été validées dimanche dans la majorité des bureaux de vote malgré une série d'incidents et de violences, ayant fait deux morts, qui ont amené l'opposition à demander l'annulation du scrutin.

Des bureaux de vote ont également été saccagés et des milliers de Haïtiens ont défilé à Port-au-Prince pour protester contre les conditions dans lesquelles s'est déroulée la consultation, qui a eu lieu moins d'un an après un séisme qui a fait 250.000 morts et au moment où le pays se débat avec une épidémie de choléra.

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Le Conseil électoral passe outre les demandes d'annulation et valide le scrutin

Au moins 12 des 18 candidats à l'élection présidentielle ont réclamé l'annulation du scrutin. Dans une déclaration commune, ces candidats, parmi lesquels des favoris tels Mirlande Manigat, le chanteur populaire Michel Martelly ainsi que Jacques-Edouard Alexis, ont dénoncé "un complot du gouvernement et du Conseil électoral provisoire (CEP) pour trafiquer les élections au profit du candidat du parti au pouvoir", Jude Célestin.

Ce dernier est accusé par ses détracteurs d'être une marionnette du président sortant, René Préval.

Malgré les incidents, le CEP a validé dimanche soir le scrutin dans la plus grande partie du pays. "La journée électorale est bouclée et réussie", s'est félicité son président, Gaillot Dorsainvil.

Le CEP a indiqué que le scrutin avait été annulé dans 56 centres de vote seulement sur 1.500. "On va étudier au cas par cas les endroits où il y a eu un problème", a déclaré le directeur général du CEP, Pierre-Louis Opont.

"Nous n'avions pas la prétention d'organiser des élections sans irrégularités" et ces irrégularités sont "dues aux faiblesses des structures de l'Etat" haïtien, a souligné le vice-président du CEP, Theleve Toussaint.

L'ONU et la communauté internationale ont exprimé dimanche "leur vive préoccupation suite aux nombreux incidents", et exhorté la population et les acteurs politiques "à rester calmes".

Les résultats du premier tour doivent être communiqués à partir du 5 décembre et un éventuel deuxième tour pourrait avoir lieu le 16 janvier.

"La prochaine étape, ce sera de faire en sorte que tous les suffrages soient comptés", a déclaré Wyclef Jean, la star mondiale du hip-hop dont la candidature à la présidentielle avait été écartée par le CEP en août, lors d'une manifestation dans les secteurs de Delmas et de Pétion-ville, où se trouve le siège du CEP.

"On ne doit pas voler le vote populaire", a-t-il ajouté, alors qu'il prenait la tête aux côtés du candidat Michel Martelly, plus connu sous son sobriquet de "Sweet Micky", d'un rassemblement de plusieurs milliers d'électeurs.

"Il ne s'agit pas uniquement de fraudes, c'est un véritable scandale, un véritable kidnapping des élections", avait plus tôt déclaré le porte-parole de Mme Manigat, Patrice Dumond.

Selon un policier qui a requis l'anonymat, la journée électorale s'est soldée par deux morts et plusieurs blessés dans l'ensemble du pays. Deux personnes ont été tuées par balles lors de heurts entre partisans de candidats rivaux dans la ville d'Aquin (sud), a-t-il précisé.

Les opérations de vote ont été annulées dans deux villes du nord du pays, suite à des violences qui ont fait au moins deux blessés, tandis que les 25 bureaux d'un centre de vote ont été saccagés à Port-au-Prince, dans le quartier de Tabarre.

"Une trentaine de personnes sont arrivées d'un coup et ont tout saccagé. Ils n'avaient pas leurs noms sur les listes et ne pouvaient pas voter", a expliqué un responsable du centre de vote, devant les urnes écrasées.

La tâche qui attend le nouveau chef de l'Etat est immense. A la crise sanitaire née de l'épidémie de choléra qui a fait 1.648 morts, s'ajoute la question du sort du million d'Haïtiens jetés à la rue par le séisme du 12 janvier.