WikiLeaks a transmis plus de 250 000 télégrammes diplomatiques américains à plusieurs journaux, dont des archives qui remontent parfois jusqu'aux années 1960. Petit aperçu des clés qui permettent de comprendre l’ampleur de cette fuite.
Combien de documents sont concernés par cette fuite ?
251 287 documents [ou "cables", en anglais, ndlr]. Ces pièces ont été envoyées depuis plus de 250 ambassades et consulats des Etats-Unis dans le monde. Elles sont divisées en six catégories : secrets à ne pas montrer à des non-Américains, secrets, confidentiels à ne pas montrer à des non-Américains, confidentiels, non-classés à usage officiel et non-classés. Ces archives ne contiennent pas de télégrammes "top secret".
Quelle est l’importance de cette fuite ?
Les États-Unis ont durement condamné la publication de ces documents. Elle serait "irresponsable et dangereuse" faisant "courir des risques à nos diplomates, aux membres de la communauté du renseignement, et aux gens du monde entier qui font appel aux Etats-Unis pour les aider". De par l’absence des télégrammes "top secret", les aspects les plus controversés de la diplomatie américaine n’apparaissent pas dans ces révélations. Néanmoins, sur le site français de "data journalisme" Owni.fr, Jean-Dominique Merchet, ancien spécialiste des questions de Défense à Libération et directeur adjoint de la rédaction de Marianne, estime que "les diplomates du monde entier vont être réticents à partager des informations avec le pays, redoutant de les voir sur Internet dans les six mois qui suivent. Une chose est sûre : WikiLeaks affaiblit les États-Unis politiquement".
Quelle est la période couverte par ces documents ?
Le plus vieux télégramme provient d’Argentine. Il a été transmis en 1966, l’année du début de la dictature de Juan Carlos Ongania. Mais 90% des documents ont été envoyés entre 2004 et novembre 2010. 50 000 l’ont été alors que Barack Obama était déjà président des États-Unis.
D’où proviennent ces documents ?
Ils sont tous issus de SPIRNet (Secret Internet Protocol Router Network), le principal réseau informatique utilisé par le Département de la Défense des Etats-Unis pour transmettre des documents classés. Seuls les dossiers classifiés "top secret" ne sont pas présents sur SPIRNet et transitent sur un autre réseau dont l’accès est plus restreint. Pour pouvoir utiliser SPIRNet, il faut détenir un accès de niveau "secret" qu’environ 2,5 millions d’Américains possèdent.
Pourquoi tous les télégrammes ne sont-ils pas téléchargeables ?
Pour la première fois, WikiLeaks a décidé de ne pas publier directement sur son site tous les documents, mais de remettre d’abord cette somme d’informations à cinq journaux : Le Monde (France), El Pais (Espagne), Der Spiegel (Allemagne), le New York Times (États-Unis), The Guardian (Royaume-Uni). Ces médias publieront ces télégrammes au fur et à mesure qu’ils seront traités par les rédactions. Les documents sont expurgés des noms des personnes qui pourraient être mises en danger par ces révélations.
Quels sont les pays les plus concernés par ces fuites ?
La plupart des télégrammes proviennent de Washington (8017). Ankara, en Turquie, est la deuxième ville au monde d’où sont issus ces documents (7918). On trouve ensuite Bagdad (6677) et Tokyo (5697). Pour l’Europe occidentale, c’est Paris qui détient le record de télégrammes envoyés (3775). Le nombre de documents en provenance de la Chine est étonnamment faible (3297) malgré les relations tendues qu'elle entretient avec les États-Unis.
Quels sont les sujets abordés ?
Les deux thèmes les plus importants sont les relations politiques avec les pays étrangers (145 451 documents) et les affaires intérieures de ces pays (122 896). Les droits de l’Homme occupent la troisième position (55 211) et les problèmes économiques des États (49 044) la quatrième.
Qui est à l’origine de ces fuites ?
La source demeure bien entendue anonyme mais le suspect numéro un est le militaire américain Bradley Manning. Ce jeune homme de 23 ans est détenu par les autorités américaines depuis mai dernier. Il est aujourd'hui inculpé pour avoir "communiqué, transmis et livré à une source non-autorisée des informations sur la défense nationale". Il avait été dénoncé par un hacker, Adrian Lamo, avec qui il discutait sur Internet et auprès de qui il s’était vanté d’avoir fait parvenir à WikiLeaks environ 260 000 télégrammes diplomatiques américains.