Deux jours avant la tenue du second tour en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ont répondu aux questions de France 24 et RFI sur le débat télévisé, le couvre-feu, et les premières mesures qu'ils prendront en cas de victoire.
Sur le décalage entre le ton au vitriol de la campagne et celui, courtois, du débat télévisé :
- Laurent Gbagbo : "Les débats démocratiques sont ainsi faits. Quand les gens sont devant leurs partisans, ils se laissent emporter, souvent. Mais devant la nation tout entière, et le monde entier, ils se policent. J’ai observé la même chose en France, entre Mitterrand et Giscard ou Chirac."
A l’issue du débat télévisé, "la Côte d’Ivoire entière a gagné. Les hommes et les femmes sont plus apaisés qu’avant les débats. C’est la démocratie qui a gagné."
- Alassane Ouattara : "La vraie Côte d’Ivoire, c’est la Côte d’Ivoire de la modération, des gens raisonnables. Je suis heureux que le débat se soit déroulé ainsi. Qui a gagné à l’issue du débat ? C’est aux spectateurs de le dire. On me dit que j’ai assez bien réussi… On le saura dans quelques jours, dimanche."
Sur l’instauration d’un couvre-feu au soir du scrutin :
- Laurent Gbagbo : "On ne prend pas une décision comme ça, par fantaisie. Non, cela ne va pas empêcher les gens de voter. Ici et là, il y a des montées de tension palpables. Il faut faire en sorte que les velléités ne se propagent pas, que les gens ne se croient pas dans l’impunité. Il faut donc prendre des mesures conservatoires."
- Alassane Ouattara : "Je lui [Laurent Gbagbo, ndlr] ai déjà dit que c’était inapproprié, que cela dramatise les choses alors qu’elles se sont apaisées. Il y a quelques poches de tensions provoquées par un certain nombre d’extrémistes, mais ce n’est pas pour ça qu’il faut mettre tout le pays sous couvre-feu. À mon sens, il reviendra sur cette décision, personne n’est d’accord avec, cela donne une mauvaise image de la Côte d'Ivoire, ce n’est pas utile".
Sur les premières mesures qu’ils prendront en cas de victoire dimanche :
- Laurent Gbagbo : "Ma première préoccupation sera de penser à l’organisation des élections législatives, discuter avec la CEI (Commission Electorale Indépendante) pour voir quelle date elle peut nous proposer, et avancer comme ça, faire le découpage, et annoncer le nombre des députés.
[Le processus de désarmement], ce sera après les législatives, quand on p[ourra] entrer dans l’action gouvernementale proprement dite".
- Alassane Ouattara : "Un discours de réconciliation et de paix pour la nation, c’est important. Il faut qu’on quitte ce registre belliqueux d’appel à la haine (…), et ensuite la mise en œuvre de ce discours, un gouvernement d’union comprenant tous les partis politiques, notamment du RHDP, d’autres candidats qui m’ont soutenu, et même des éléments compétents du FPI. Je veux que le pays sorte rassemblé de cette crise.
Je mettrai en place commission réconciliation et vérité pour faire le point, savoir ce qui s’est passé, des enquêtes sur le coup d’Etat, sur la rébellion, et nous partirons vers une nouvelle Côte d’Ivoire."