
Il était retenu derrière les barreaux en Egypte depuis 2006 pour avoir critiqué la religion et le président Hosni Moubarak sur son blog. Kareem Arem a été libéré lundi soir.
Il est pour l'heure le blogueur qui a passé le plus de temps au monde derrière les barreaux. Kareem Amer a été relâché lundi soir par les autorités égyptiennes après avoir purgé une peine de prison de 1470 jours, soit un peu plus de quatre ans, pour ses écrits sur Internet. Ses proches ont rendu publique sa libération mardi en fin de journée. Son élargissement intervient une semaine après la fin légale de sa peine.
Cet ancien étudiant en droit de 26 ans tenait jusqu’en 2007 un blog où il se présentait ouvertement comme athée et critiquait violemment l’islam et le président égyptien Hosni Moubarak.
En 2005, il avait déjà eu le triste privilège d’être l’un des premiers blogueurs à être arrêté en Egypte pour son activité en ligne. Une série de billets critiquant le rôle de la religion lors d’affrontements à Alexandrie lui avaient valu, une première fois, de passer une dizaine de jours en prison. Il avait notamment affirmé en ligne que "les musulmans ont démontré qu’ils incarnaient ce que l’humanité avait de plus barbare".
Une seconde arrestation a eu lieu en 2006. Cette fois-ci, les autorités égyptiennes se sont montrées bien plus sévères envers le jeune homme. Outre les accusations d’"incitation à la haine de l’islam", Kareem Amer se voit à l'époque reproché des attaques directes contre Hosni Moubarak, qualifié de "dictateur" dans l’un de ses billets. Une provocation de trop qui lui a valu une condamnation, en février 2007, à trois ans de prison.
Le prix cyberliberté de RSF a été attribué à Kareem Amer en 2007
C’est alors la première fois, en Egypte, qu’un blogueur est jugé officiellement pour le contenu de son site. Une condamnation qui a provoqué un certain émoi dans le monde entier. Des parlementaires américains, italiens et anglais ont exprimé auprès du Caire leur désaccord sur cette condamnation. L’association pour la défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a d'ailleurs décerné, en 2007, son prix "cyberliberté" à Kareem Amer.
La mobilisation internationale n'a pas ébranlé les autorités égyptiennes. Le blogueur a purgé sa peine d'emprisonnement jusqu’à la lie. Entre temps, une communauté d’internautes s’était formée pour maintenir la pression sur l’Egypte en multipliant les manifestations devant les ambassades egyptiennes à travers le monde.
Reporters sans frontières et le principal groupe de soutien au jeune blogueur, Free Karem, ont tout deux affirmé que durant son incarcération Kareem Amer a été plusieurs fois torturé. Il aurait subi en prison des "violences physiques et morales" aussi bien de la part des geôliers que de ses codétenus.
Après sa libération, Kareem Amer a décidé, selon son avocat, de ne pas s'exprimer pour l'instant et de fêter l'Aïd avec ses proches.
A l’heure actuelle, selon RSF, 26 internautes sont détenus pour leurs activités sur des blogs. Maintenant que Kareem Amer a retrouvé la liberté, le Vietnamien Dieu Cay reprend le flambeau peu enviable de blogueur emprisonné depuis le plus longtemps. Il est derrière les barreaux depuis le 19 avril 2008.
Crédit photo : Freekareem.org